Publié le 30 Octobre 2010

Monsieur Oussama, je vous présente mes excuses pour m’être un peu moquée, ces derniers temps, c’est que je n’avais pas la télé et je ne pouvais pas savoir.
Je voudrais vous dire. Vous n’avez pas du tout besoin de vous déranger à venir nous couper la tête. TF1 se charge apparemment de nous la vider mieux que vous ne pourrez jamais le faire. Vous pouvez m’en croire. Laissez dormir vos couteaux et laissez faire. Vous ne serez pas déçu. Donnez-nous encore, allez, 10 ans, peut-être moins, et l’Europe entière tombera toute décérébrée dans vos bras puissants.
Je me souviens, il y a plus de 20 ans, du temps où le Monde était encore un journal, ou alors à ce moment-là, je ne me rendais pas compte, Jacques Lanzmann y avait publié une mise en garde. C’étaient les débuts de la télé câblée en France, l’expérience du câble a été tardive en France, elle date de 1982, donc oui, j’ai bien écrit, c’était il y a plus de 20 ans, et l’écrivain journaliste avait saisi là l’occasion pour pointer le danger, alors que n’existaient ni koh lanta, ni le bachelor, ni le big deal, ni l’île de la tentation, ni qui veut épouser mon fils, ni toutes ces niaiseries avec lesquelles on croit bon de nous détendre aujourd’hui les neurones. Ils sont aujourd’hui si détendus, merci, que les dégâts sont probablement irréversibles.
Certains pays non préparés, donc, écrivait Lanzmann en substance, qui vivent une vie différente, vont recevoir par le biais du câble, sans aucun filtre d’aucune sorte, ni aucune préparation préalable, des programmes parfois tangents. Aux habitants de ces pays-là, il ne sera pas difficile de faire admettre que nous sommes, nous fournisseurs occidentaux des programmes, des décadents dégénérés.
Combien Lanzmann avait raison. 20 ans et quelques plus tard, on peut dire qu’il n’a pas été difficile en effet de laisser croire à la moitié de la planète que nos femmes occidentales alanguies n’étaient que de viles pécheresses qui ne méritaient nul respect. Que notre culture pornographique était celle du diable. Avec nos programmes avilissants déversés anarchiquement vers des pays qui n’étaient pas préparés à les recevoir et auxquels nous nous sommes bien gardés de parler des codes parentaux protecteurs, nous avons tendu stupidement le bâton pour nous faire frapper, le couteau pour nous faire trancher la gorge.
Bravo.
J’exagère ?
J’ai regardé ce soir TF1 pour la première fois depuis 3 ans. J’y ai vu un banc de thons femelles psychiatriquement atteintes, pathétiquement siliconées, botoxées, suant minablement sous des tonnes de fond de teint, accrochées comme des arapèdes à un rocher au bras de mérous mâles se faisant passer pour leurs fils, le panel habituel censé illustrer la société moderne, le puceau, le caractériel, le nymphomane, ça se dit, pour un homme ?, oui, probablement, on peut quand on l’a entendu ânonner « J’arrive pas à choisir, je crois qu’il faut que je les essaye toutes », l’incontournable homosexuel, mérous liés seulement par l’indigence de l’émission et par une incommensurable bêtise, et qui salivaient de concert devant la grappe de poufs d’usage servies sur un plateau par la production.
Ma fille J. était enchantée de ma consternation.
Ca existe, Maman, il faut qu’on sache de quoi ça parle.
Tu te rends compte que si je meurs cette nuit, les dernières images que j’aurais eues de la vie seront cette stupidité monumentale ?
Ne meurs pas cette nuit, s’il te plaît, Maman, a gloussé ma blonde enfant en se blottissant contre moi, parce que toi, tu auras peut être dans les yeux les images les plus nulles du monde, mais moi, j’aurais dans les oreilles la phrase la plus triste.
Elle n’a pas dit « triste » en vrai, mais peu importe.
Me voilà tout de même rassurée.
La lobotomisation ne marche pas avec tout le monde.
Finalement, monsieur Oussama, je vais peut-être bien continuer à me moquer encore un peu, d’autant que si j’en crois Bernard Kouchner, cité dans le Monde du 28 octobre, dixit, "C'est pas Ben Laden qui détient les otages, c'est beaucoup plus compliqué que ça".

Voir les commentaires

Rédigé par Victoria

Publié dans #La petite leçon de journalisme

Repost0

Publié le 28 Octobre 2010

Le Monde.fr

Proche-Orient  

 

Oui. Parce qu’on ne vous a pas dit, mais maintenant, l’Afghanistan est au Proche-Orient.

 

C’est comme qui dirait de la géographie moderne.

 

Et le premier qui dit le mot amalgame, on lui coupe la tête.

 

 

Ben Laden exige le retrait de la France d'Afghanistan

Il exige. Sans guillemets. C’est la fête.

La même info couverte par Reuters donne en titre : « Les otages paient pour les musulmans de France, dit Ben Laden » C'est quand même un autre genre.

 

LEMONDE.FR avec AFP | 27.10.10 | 14h34  •  Mis à jour le 27.10.10 | 17h16

Ah ben, oui, je comprends mieux, maintenant. Le Monde avec l’AFP. On va s’amuser.

 

AFP

"Tout comme vous tuez, vous êtes tués. Tout comme vous prenez des prisonniers, vous êtes pris en otage."

Ca, c’est la légende de la photo sur laquelle Ben Laden affiche un bon sourire très blanc en faisant petit petit avec ses doigts. Je ne sais pas dans quelle partie du monde ce type-là se trouve exactement, mais une chose est sûre, sa lessive lave plus blanc que blanc, je veux la même et je ne parle même pas de son dentifrice.

Bon, maintenant, sans rire, sur la photo, il a peut-être un bon sourire, mais en vrai, il ne rigole pas du tout.

Dans un court enregistrement intitulé "Message au peuple français" et diffusé mercredi 27 octobre par la chaîne de télévision Al-Jazira, Oussama ben Laden, affirme qu'il est "du droit" des musulmans de riposter par la violence aux injustices subies par les musulmans de France.

Le message prétend s’adresser au peuple français, mais en fait, il contient surtout des directives adressées aux musulmans. Les chéris, vous avez le droit de riposter, par la violence, et même de couper des têtes. C’est tonton ous ouss qui vous le dit.

 Un expert de l'ONU déplore des alertes à la menace terroriste exagérées

Ca, c’est un de ces entrefilets dont la presse a le secret. On en fait ce qu’on en veut. Retournons à notre article à nous.

"Le seul moyen de préserver votre sécurité est de vous retirer de la guerre de [l'ancien président américain George W.] Bush en Afghanistan", déclare le chef d'Al-Qaida, qui exige le départ des 3 750 soldats français stationnés dans le pays. "Tout comme vous tuez, vous êtes tués. Tout comme vous prenez des prisonniers, vous êtes pris en otage. Comme vous menacez notre sécurité, nous menaçons votre sécurité."

Voilà. Loi du Talion appliquée à la lettre, comme à ses débuts, sous le règne d’Hamourabi de Babylone, 17 siècles avant notre ère.

Pour Oussama ben Laden, ce sont les restrictions imposées aux musulmans de France qui justifient la violence des islamistes.

 Des restrictions qui justifient la violence ? Et encore une fois sans guillemets ?

"Si votre pays est en droit d'interdire aux femmes libres de porter le voile [la mesure votée le 14 septembre sera effective au printemps 2011, NDLR]

Intervention journalistique, fait suffisamment rare pour être salué.

n'est-il pas de notre droit de pousser au départ vos hommes envahisseurs en leur tranchant la tête ?" s'interroge le chef d'Al-QaIda.

Si vous enlevez le voile des musulmanes en France, nous enlèverons la tête des Français en Afghanistan. Un peu tiré par les  cheveux, non ? Vous savez quoi ? J’ai du mal à croire que Ben Laden puisse dire des âneries pareilles. Même si on nous assure que le message a été authentifié.

Sans compter que moi, c’est cette phrase là que j’aurais mise sous la photo. Vu la teneur du message, c’est vrai qu’on a l’embarras du choix, mais ce petit genre « qu’on leur coupe la tête » est quand même impayable.

"EN RÉACTION À L'INJUSTICE (…) À L'ÉGARD DE NOTRE NATION ISLAMIQUE"

En sous-titre, encore un choix malheureux.

Mais qu’est-ce qu’il a ce journaliste à ne pas choisir les bonnes phrases ? Je reconnais qu’il a mis les guillemets, mais « injustice à l’égard de "notre" nation islamique », quand il a sous la main « qu’on leur coupe la tête » ?

"La prise en otage de vos experts qui étaient sous la protection de vos agents est intervenue en réaction à l'injustice que vous pratiquez à l'égard de notre nation islamique", ajoute ben Laden. Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a en effet revendiqué le 21 septembre l'enlèvement cinq jours plus tôt à Arlit (nord du Niger), de cinq Français, d'un Togolais et d'un Malgache.

On y arrive enfin. Les otages.

On a des otages en danger de mort, et nos journalistes du Monde commencent par parler chiffons.

Les autorités françaises ont assuré qu'elles étaient prêtes à engager des pourparlers avec AQMI pour obtenir la libération de ces otages. Selon des sources maliennes et françaises, ils seraient détenus dans des collines désertiques du Timétrine, dans le nord-est du Mali, à une centaine de kilomètres de l'Algérie.

Le président du Mali, Amadou Toumani Touré, a affirmé samedi à Montreux, en Suisse ne pas avoir de "mauvaise nouvelle" des otages. Selon le premier ministre de transition nigérien, Mahamadou Danda, les sept personnes enlevées sont "en vie", d'après des "contacts sur le terrain ».

Ca, je n’ai même pas envie de commenter.

Voir les commentaires

Rédigé par Victoria

Publié dans #La petite leçon de journalisme

Repost0

Publié le 27 Octobre 2010

J'ai eu un temps un correspondant privilégié rencontré sur Internet.

Quoi ? Je sais le faire, moi aussi.

On se calme. Un inconnu marié et amoureux, habitant un pays très lointain. On ne se connaissait pas, on ne se connaîtrait jamais et tout le monde était content.

Un parfait inconnu auprès duquel je pouvais déverser toutes mes colères et tous mes doutes, ça, déjà, c'est bien, mais surtout toutes mes joies et tous mes espoirs, toutes ces choses qui vous font paraître ridicule lorsque vous les exprimez devant vos amis.

 

Lorsque cet ami virtuel m'a dit un jour tu devrais écrire un blog, quel moche mot, je me suis dit que je l'avais assez embêté comme ça et j'ai arrêté de lui écrire pour ouvrir ce truc.

 

Quoi, quoi, je ne suis pas ridicule ?

 Ne niez pas. Je connais ça par coeur.

 

Pour mes amis, je suis une artiste, une naïve, une candide, une bienheureuse, Mère Thérésa, même, parfois.

Notez, je suis plutôt vernie. J'échappe aux termes idiote de service, niaise ou benête, mais c'est seulement parce qu'on m'aime.

 

Emmène-moi sur ton nuage, m'a-t-on encore dit la semaine dernière.

J'ai été partagée entre l'attendrissement et la consternation.

Tu veux vraiment venir sur mon nuage, viens.

J'élève trois ados délurés, je travaille comme une dingue jour et nuit, le banquier me poursuit, les tracasseries administratives me minent, je suis probablement la personne qui paie les plus grosses notes de téléphone du monde, 10 ans et un divorce après, j'ai toujours le père de mes enfants sur le dos en consultation permanente, je n'ai pas d'amoureux, il paraît que je terrifie les hommes malgré mon joli sourire et je dois reconnaître qu'on m'a toujours demandé la permission avant de m'embrasser, mince, si tu veux venir sur le nuage, prends ton parapluie et viens !

 

Mais.

Sur mon nuage, il est vrai que le parapluie servira de parasol. Parce que les ados sont des merveilles de personnes, mon travail me passionne, j'ai choisi de ne faire que des choses que j'aime, et jour et nuit, c'est parce que j'en aime trop, je cours bien plus vite que mon banquier dont j'ai la photo sur le frigidaire, les tracasseries administratives sont le sujet de mes sketches préférés, mes petites kafkaïades à moi, si on paie beaucoup de téléphone, c'est aussi parce qu'on a beaucoup d'amis et le père de mes enfants, pour chiant qu'il soit continue d'être un père aimant 10 ans après et rien que ça, ça vaut bien une petite psychanalyse sauvage de temps en temps. Quant à l'amour, j'en ai épuisé le quota pour plusieurs vies.

 

J'ai donc ouvert ce blog et j'ai commencé, enfin continué à écrire.

Pour qui, je n'en avais aucune idée, et ça, je dois dire que c'était beaucoup moins drôle qu'avec mon inconnu.

Parce que mon inconnu, je ne le connais peut-être pas, mais il existe. Alors que là, silence absolu au bout du fil.

Rien.

Un peu angoissant, la solitude.

Et là, vrai, franchement un peu ridicule.

 

Jusqu'à ce qu'une première amie me confie. Je te lis tous les jours, je ne suis pas d'accord avec ce que tu racontes, mais tu le dis si bien que je ne vois pas par quel bout te contredire.

Allons bon.

En fait, tu dis n'importe quoi, m'a dit un autre, mais on a tant de paisir à te lire que tu nous embobines et à la fin, on ne sait même plus ce qu'on pense.

On ne sait même plus ce qu'on pense ? Ah. Je n'écris peut-être pas pour rien !

Bref, un plus un plus un autre, il semble qu'en fait, je dispose de quelques lecteurs.

Et pas des moindres.

Donc.

 

Sachez que j'ai plein de sujets magnifiques en magasin.

"Quand on dépasse les bornes, il n'y a plus de limites", probablement la grande phrase de la réforme des retraites en France. Peut-être même plus que le fichier d'empreintes génitales de Brice.

Le petit meneur des jeunesses UMP qui trouve que Laval était courageux en son temps. Il veut sûrement dire que lui aurait sûrement sû quoi faire face aux manifestants. Et il a raison. Laval a étouffé la réforme des retraites dans l'oeuf en se débarrassant des retraités au berceau. Et ça, pas à dire, c'est fort.

Le portrait de Pétain qui a été retiré de la salle du conseil de la dernière commune de France qui s'entêtait à le laisser poser au milieu des autres chefs d'état français. La licra qui s'excite, la pauvre chérie. On leur a pourtant bien expliqué. La France de Vichy, ce n'était pas la France. Pétain ne pouvait donc pas être le dirigeant d'un état qui n'existait pas. C'est limpide. C'est une règle de géographie complexe, mais limpide. La France, en 42, n'avait pas pour capitale politique Vichy, mais Londres. D'ailleurs, les manifestants dans les rues étaient des millions, autre chose que la réforme des retraites, je peux vous le dire, pour affirmer haut et fort leur opposition farouche à ce régime abscons.

Bon, d'accord, j'arrête, ce n'est pas drôle.

Vous croyez que le petit con UMP sait que c'est Laval soi-même qui a donné à Hitler la liste des otages à fusiller en 41 ? Et que si Guy Moquet n'était, il est vrai, pas sur ses listes, les listes en question n'en indiquaient pas moins très clairement que les fusillables étaient tous communistes ?

Quelle salade, mes aïeux, quelle salade.

 

Chers 10 lecteurs de mon coeur.

Je peaufine tout ça et on se retrouve très vite.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Victoria

Publié dans #Journal

Repost0

Publié le 18 Octobre 2010

 

Vous avez remarqué comment parfois les pistes sont brouillées. Nous avons les éléments pour comprendre et analyser, pour réfléchir au moins, mais ils sont disséminés de ci de là et bien malin qui pourra les réunir.

  

  

Holon.jpg

  

Il y a à Holon, un Musée des Enfants où on peut y suivre le « parcours des aveugles ».

L'occasion pour tout un chacun de vivre une troublante expérience, et placé en situation inédite, dans la plus totale obscurité, de « voir » les choses autrement. Mais non, ce n’est pas un lapsus…

 On peut se demander ce qu’il y a d’inédit à évoluer dans le flou le plus total, n’est-ce pas notre lot quotidien ? Mais l’obscurité est là littérale et l’aveuglement y est vécu avec une opacité qui force le respect.

Lors du « parcours des aveugles » de Holon, vous êtes plongé dans un noir total, épais. Ecrasé d‘obscurité, vous traversez six ou sept situations périlleuses. Vous n’aviez jamais imaginé seulement à quel point elles étaient périlleuses, ces situations pourtant banales.

La forêt, est-elle toujours si profonde ? avec ses souffles, ses frémissements, ses piétinements aigus comme des menaces, ses présences sourdes.

La ville assassine et ses routes hostiles, ses éclats de voix exaspérées, ses klaxons stridents, ses crissements de pneus sur l’asphalte.

La visite d'un chalet inconnu et vous vous sentez intrus dans l’univers feutré d’un autre, avec cette envie de toucher pour voir qui le dispute à votre discrétion d’aveugle de composition.

Le matin au marché et vous êtes à côté de la joie, tout à la frustration des odeurs entêtantes et connues, souvenirs de couleurs qui s’allument tout au bout de la mémoire avant de s’évanouir, alors vous tendez la main pour les saisir, vous écarquillez les yeux et la main au bout de votre bras vous est comme le reste invisible et vous vous sentez comme dépossédé de vous-même.

Vous passez alors le pont tendu au dessus de l’abîme, quoi, pas d’abîme à Holon ? dans le noir, tout est abîme et vous terminez au café, refuge humain dérisoire où enfin, vous pouvez vous asseoir pour commander, toujours dans le noir, une boisson que vous boirez avec appréhension sans la voir en faisant claquer la langue.

- Dépossédé, comme tu y vas… Ce n’est pas si terrible, allez, on s’habitue à tout, à cela comme au reste.

Les guides sont des aveugles. D’une clairvoyance rare, mais aveugles. Comme quoi…

-           Ne t’abandonne pas comme ça, viens plutôt vers moi, regarde, je suis là.

Quoi regarde ? Et d’abord, comment diable sait-il qu’étourdi et plein de vertige, vous avez appuyé votre front contre le mur ?

Aveugles de naissance ou par accident, le point commun de ces guides est l’humour et le courage de ceux qui savent ce que les autres ne perçoivent pas.

Combien émouvant il est de croiser ces belles personnes et l’on ne peut s’empêcher en les côtoyant de penser au destin d’Helen Keller, cette aveugle de naissance qui devint une grande universitaire à un siècle où il suffisait pourtant d’être femme pour passer à côté de la vie.

Arrive alors le moment le plus extraordinaire de l'expérience. Le retour à la lumière. Quoi, extraordinaire, on rallume tout et c’est envoyé. Tsss. Tsss. Comme vous y allez…

Imaginez. Vous aviez pourtant fini par vous habituer à l’obscurité, mais là, soudain, elle se déchire et vous vous sentez perdu. Au pays des aveugles, les borgnes sont bien contents qu’on leur tienne la main. Vous avez carrément mal et vous n’êtes plus très fier. Vous êtes soulagé que le guide vous ait pris le bras. Il vous conduit tout doucement vers une salle fraîche baignée d'une calme pénombre. Vous titubez. Vous êtes bien plus aveugle que dans le noir. Vous ne pouvez garder les yeux ouverts. Il faut attendre un peu, pour s’habituer.

- Là, doucement.

Parce qu'après la plongée dans le noir total, si vous essayez de revenir directement à la lumière, vous serez totalement aveuglé par la clarté.

Je me demande…

Pourquoi le « parcours des aveugles » est-il au Musée des enfants, ceux-là mêmes de la bouche desquels la vérité est censée sortir ?

On n’est pas rendus, c’est moi qui vous le dis.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Victoria

Publié dans #La petite leçon de journalisme

Repost0

Publié le 17 Octobre 2010

Commentaire décomposé de l’article
« En visite au Liban, Ahmadinejad prédit «la disparition des sionistes» »
Paru dans le journal Libération du 15 octobre 2010.
Mes commentaires sont en rouge et ne sont qu’en rouge. Tout le reste est tel quel !

Le président iranien effectuait sa première visite au Liban depuis son élection en 2005.

 

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, le 14 octobre lors de sa visite au Liban. (REUTERS) Ca, c'est la légende de la photo, parce qu'il y a une belle photo du Président qui fait "haut les mains !"

 

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a été fidèle jeudi à sa réthorique

Allons bon. Ca commence bien. Rhétorique, les chéris, pas réthorique ! La faute est courante, certes, mais tout de même ! Passons. La rhétorique ou l’art de persuader les foules par la parole. Etonnant choix de terme, non ? Deuxième degré, sans doute…

  

en prédisant

Là encore, quel terme surprenant… C’est Ahmadinedjad, les enfants, pas Nostradamus. « Prédisant », …  le journaliste voulait sans doute écrire « menaçant » ?

  

devant des milliers de Libanais

Elle est bien enthousiaste, la formulation… Les manifestants français de la réforme de la retraite et autres apprécieront à sa juste valeur cette sobriété pas syndicale pour un sou. Pour préciser, comme on nous a appris à l’exiger en toutes circonstances, ils étaient 15000 libanais d’après la suite de l’article, admettons, sur une population de 4 millions d’habitants, il y en a donc beaucoup qui n’ont pas pu ou pas voulu venir.

  

«la disparition des sionistes»,

Des guillemets. Ouf. Ca, c’est ce qu’on appelle l’honnêteté journalistique.

  

à quelques kilomètres seulement de l’Etat hébreu, lors d’un déplacement très symbolique

symbolique pour qui ? Quand on sait que cette visite du président iranien coïncide avec l’éventuelle inculpation par le Tribunal international en charge de l’enquête sur l’assassinat en 2005 du Premier Ministre libanais Rafic Hariri du…  Hezbollah libanais soutenu par l’Iran, vous m’en direz tant …

  

dans le sud du Liban.

Reprenons donc. L’Iran soutient publiquement le Hezbollah, soupçonné d’avoir assassiné Rafic Hariri, Premier Ministre du Liban en 2005. Le Président iranien Mahmoud Ahmadinedjad va rencontrer en visite officielle le Premier Ministre libanais actuel, qui n’est autre que le fils du précédent. Et Libé vient nous parler d’un autre symbole ? A ce degré-là, on n’est plus dans l’incompétence, on frise la faute professionnelle. Sauf si la phrase d’après rétablit la situation. Attendons.

 Sans compter que dans une seule phrase, « fidèle », « rhétorique », « prédiction », « des milliers de libanais », « très symbolique ». Que du positif. Que de jolis mots. On en viendrait presque à se demander si on n’a pas affaire à un journaliste sympathisant. Poursuivons.

  

Ce déplacement était le moment fort de la visite d’Ahmadinejad au Liban,

Je rêve. C’est le « moment fort » juste pour ceux qui n’ont pas compris le pourquoi de sa visite. Grrr. Qui a écrit ça ? Je veux un nom. Las. La dépêche AFP est reprise telle quelle, une fois de plus. Tant pis, je persiste et je signe. Ce n’est pas le moment fort, monsieur AFP. C’est une diversion.

  

critiquée par la majorité parlementaire pro-occidentale libanaise,

Une merveille. Re-faute professionnelle. « la majorité parlementaire, pro-occidentale », si vous y tenez, AFP, mais en aucun cas, la majorité pro-occidentale. C’est quoi, l’histoire. On a affaire à un stagiaire de classe de troisième ?

  

de même que par les Etats-Unis et Israël

Eh ben voilà, on y arrive ! Vous vouliez les noms, ils sont là ! Toujours les mêmes, en plus.

  

qui accusent

vocable négatif

  

l’Iran d’armer le Hezbollah chiite, mouvement politique et militaire le plus puissant du pays.

Voilà, c’est écrit. Sans guillemets. Le Hezbollah chiite est donc bien pour l’AFP le « mouvement politique et militaire le plus puissant du pays ». Fort bien, fort bien. J’exige les sources, monsieur AFP.

Quand à l’Assemblée libanaise, le Hezbollah dispose de 13 sièges et que le parti majoritaire, avec 36 sièges est celui de Saad Hariri, comment un journaliste digne de ce nom peut-il écrire une phrase pareille ? Comment un journal peut-il publier ?

  

Ahmadinejad, qui effectuait sa première visite au Liban depuis son élection en 2005, n’a jamais été aussi proche physiquement de l’Etat d’Israël.

« Proche » et non pas « près ». La phrase est bizarre. Se veut-elle drôle ? C’est ennuyeux, parce que l’humour de l’AFP en général est plutôt indigent. Un petit sursaut de finesse ?

  

«Les sionistes vont disparaître (…) que le monde entier sache cela», a-t-il lancé, sous les applaudissements de la foule au stade de Bint Jbeil, à 4 kilomètres de la frontière avec Israël.

Merci, c’est bon. Le monde entier le sait, à présent.

  

«Les sionistes n’ont pas le choix: ils doivent retourner dans leurs pays d’origine», a-t-il également affirmé, devant quelque 15.000 personnes en délire.

« En délire ». C’est AFP qui l’a dit.

« … dans leur pays d’origine ». Question : Ils vont prendre ça comment, les Polonais, d’après vous ?

Accueilli en héros
 Comme titre de chapitre, c’est bien, ça, sans ambigüité.

Comme à son arrivée mercredi à Beyrouth, le président de la République islamique a été accueilli en héros à Bint Jbeil, symbole de «résistance» après avoir été le théâtre de violents affrontements entre soldats israéliens et le Hezbollah lors de la guerre de 2006.

«Khosh Amadid»! (bienvenue en farsi), «Allah Akbar» (Dieu est grand, en arabe), scandait la foule, qui agitait des drapeaux libanais et iraniens,

Merci pour le vocabulaire, de vrais mots utiles et faciles à ressortir en société.

  

et a crié de joie

c’est vraiment journalistique, ça, comme formulation ???

  

à l’apparition du président iranien. «Ahmadinejad va terrifier les Israéliens!», s’est réjouie Nabila, 36 ans.

Je passe sur le « s’est réjouie ». Du vécu, comme ça, et en VO, on est bien d’accord, le journaliste était sur place et il parle parfaitement l’arabe.

  

En Israël, on commentait la proximité inédite du président iranien, honni

« honni », je passe aussi, d’accord ?

  

dans ce pays

« dans ce pays », même pas j’en parle. Groupe de mot subjectif et totalement inutile d’un point de vue grammatical.

  

pour ses déclarations sur le génocide nazi ou la disparition de l’Etat hébreu.

C’est bien de réunir le génocide et la disparition dans la même phrase. Au moins tout est dit et honni soit qui AFP y pense.

  

«Ahmadinejad - plus proche que jamais», écrivait ainsi le journal Maariv.

Ah, là, on comprend mieux la finesse de tout à l’heure. Ce n’était ni plus ni moins qu’un plagiat. Bravo.

  

«Le président iranien est venu comme un chef militaire passant en revue ses troupes, les terroristes du Hezbollah utilisés comme le bras armé de l’Iran dans la région», a déclaré à l’AFP un haut responsable gouvernemental israélien.

Oui, cette analyse là est pertinente. Mais elle est israélienne. Et d’abord, c’est qui, le haut responsable gouvernemental qui cause à l’AFP ?

Visite à Cana, village «martyr»
Là aussi, malgré les guillemets, pas d’ambiguité, puisque exergue du titre de paragraphe.

Dans la soirée, M. Ahmadinejad s’est rendu à Cana, village «martyr» cible de raids israéliens ayant tué 105 civils en 1996 et 29 personnes, dont 16 enfants, en 2006.

«Les martyrs de Cana sont vivants et ses ennemis sont morts», a-t-il lancé à la foule rassemblée près du cimetière où sont enterrées les victimes de 1996.

Des prédictions, toujours des prédictions.

  

«Aujourd’hui, je sens qu’un homme puissant est là pour restituer nos droits face à l’ennemi israélien», s’est félicitée Jamilé Ismaïl, 36 ans, qui a perdu 19 proches, dont son mari, en 1996.

Sans commentaires. Je voulais des noms, j’en ai.

  

  Washington, qui accuse l’Iran de chercher à fabriquer l’arme atomique

Quelle idée !

 

et considère le Hezbollah comme une organisation terroriste,

Pffff.

 

a estimé que cette visite démontrait que le parti chiite «était plus loyal envers l’Iran qu’envers le Liban».

On en fait quoi, de cette information pas nouvelle ?

 

Si le président iranien a été accueilli triomphalement lors de ses différents déplacements, au cours de sa visite de deux jours au Liban, le camp de la majorité parlementaire

Ah, quand même.

 

dirigée par le Premier ministre Saad Hariri et appuyé par Washington et Ryad, a déploré sa venue, craignant que le pays ne devienne une «base iranienne» aux portes d’Israël.

Un peu tard pour s’inquiéter, peut-être…

 

Avant son déplacement dans le sud,

Petit point de grammaire, le sujet de la phrase devrait être celui qui a fait le déplacement, on vérifie…

 

M. Hariri a reçu

Eh non !

 

le président iranien qui a défendu

« soutenu », c’était mieux

 

le Hezbollah dans le bras de fer l’opposant au camp du Premier ministre au sujet du tribunal chargé d’enquêter sur l’assassinat en 2005 de son père, le dirigeant Rafic Hariri.

N’est pas Racine qui veut.

 

Le Hezbollah a dit s’attendre à ce que ce tribunal l’accuse d’implication dans le meurtre.

!!!!!

 

Le nom de Saad Hariri a été copieusement hué par les partisans du Hezbollah à chaque fois qu’il était prononcé par M. Ahmadinejad, pour le remercier de son accueil.

J’aime le « copieusement hué », d’une objectivité touchante.

 

 (Source AFP) Tu parles d’une source.

A lire: dans l'édition papier (zone payante), le reportage de notre envoyée spéciale.

On y va, d'accord ?

Mais, mais.... 

Je promets, c’est pas moi, c’est eux. Je cherchais juste l’envoyée spéciale. Ah ! La voici.

Au Sud-Liban, l’Iran triomphant
On sent un autre genre, tout de suite, hein ?
Reportage

Ahmadinejad s’est affiché publiquement pour la première fois, hier, aux côtés du Hezbollah près de la frontière israélienne.

Réagir . Mais je ne fais que ça, Isabelle.

Par ISABELLE DELLERBA Envoyée spéciale à Bint-Jbeil (Sud-Liban)

 

Il est arrivé par les airs.

Ciel ! Ils recrutent des poètes, maintenant, à Libé.

 

Quand le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, venu de Beyrouth, a débarqué hier après-midi au stade de Bint-Jbeil, fief du Hezbollah au Sud-Liban, des milliers de personnes en liesse l’attendaient déjà depuis plusieurs heures. La pression de la foule était ...

On ne saura pas ce qu’elle était, les amis. Mille excuses, mais je ne paierai pas pour ça.

Voir les commentaires

Rédigé par Victoria

Publié dans #La petite leçon de journalisme

Repost0

Publié le 15 Octobre 2010

Lu sur le Figaro. Fr. du 13 octobre.

« Israël redouble de vigilance sur sa frontière nord

Mots clés : LIBAN, IRAN, Ahmadinejad

Par Adrien Jaulmes »  avec mes petits commentaires

« 13/10/2010 | Mise à jour : 22:35 »

 

« Les autorités israéliennes se sont abstenues ces derniers jours de polémiquer à propos de la visite d'Ahmadinejad au Liban. »

Sobre et prudent. On aime autant.

 

« Un député israélien d'extrême droite a appelé à l'assassinat du président iranien s'il se «trouvait dans le viseur d'un soldat de Tsahal». »

Ca commence bien. On nous a mis en sous-titre « pas de polémique » et la première phrase, c’est celle d’un extrémiste de droite, donc d’un polémiste professionnel.

Quant à la formulation!!! « a appelé à l’assassinat » ! Ca, ça s’appelle de l’amalgame crasse ou je ne m’y connais pas.

Ahmadinedjad comme Nasrallah sont des qui appellent au meurtre. Sans rire. On a été surpris au début, puis on s’est habitué. On a même appris à le dire en arabe et on est content. Salmann qui s’en dédie .

Alors l’effet miroir du «  a appelé à l’assassinat », moi, ça me donnerait presque la nausée, pas vous ?

« Mais le gouvernement israélien, après avoir manifesté via des intermédiaires son déplaisir quant à cette visite, a jugé préférable de laisser les Libanais et les pays arabes se charger eux-mêmes de la critiquer. »

Là, extrêmement intéressant. D’abord, d’un point de vue grammatical. Une phrase qui commence par un « mais » vient apporter un bémol sur tout ou partie de la phrase précédente. Là, rien du tout. C’est un « mais » bêlant qui n’apporte rien à rien. A moins que le journaliste n’assimile totalement un gouvernement démocratique à un seul de ses députés et d’extrême droite en plus ! Consternant.

Bon, continuons. « …après avoir manifesté via des intermédiaires »… quésako ?

« …son déplaisir… »

Dites-moi que je ne l’ai pas lu, dites-moi qu’il ne l’a pas écrit. « Son déplaisir ». Ahmadinedjad va boire le thé chez Nasrallah et nous, on ressent du déplaisir ? Le type fume ou quoi ?

« Le gouvernement israélien a jugé préférable de laisser les Libanais et les pays arabes critiquer tout seuls »

Qu’est-ce qu’on est fourbes en Israël, hein, quand même !

« La présence, prévue ce jeudi, d'Ahmadinejad le long de la ligne de démarcation qui sert de frontière entre Israël et le Liban, à quelques mètres d'un État qu'il promet régulièrement d'effacer de la carte, n'a pas donné lieu à des déploiements de troupes supplémentaires. »

Alors là. Il faut qu’on m’explique. Il veut dire quoi, alors, le titre. On redouble de vigilance, mais on ne déploie aucune troupe supplémentaire sur un front ouvert avec un pays franchement hostile qui reçoit un ennemi patenté ? Depuis le temps qu’on nous serine que nous sommes les surarmés dangereux de la région, je nous trouve un peu légers sur le coup. Non ?

« Les unités israéliennes ont seulement reçu l'ordre de redoubler de vigilance. »

Ca veut dire quoi, ça ? D’abord, d’où Adrien Jaulmes connaît les ordres que reçoivent les unités israéliennes ? Et c’est quoi, ça, comme ordre ? Les gars, vous faites gaffe, ok ? Super gaffe, même.

Vigilance orange, plus l’autre ahuri qui a dit qu’il ne fallait pas le rater s’il passait dans le viseur, vous, je ne sais pas, mais moi, je crains le pire.

« L'accueil triomphal du président iranien dans les rues chiites du Liban vient cependant conforter les Israéliens dans leur conviction profonde que ce pays n'est qu'un État client de Téhéran. »

Vous apprécierez le « cependant », employé sans rime ni raison par un Adrien très en forme. D’autant qu’il connaît « la conviction profonde des Israéliens ». Super bien documenté, le mec. Mais laissons tomber le sens, cet article n’en a aucun, ou si peu, concentrons-nous sur la forme.

« L’accueil triomphal », merveilleux, « conforte les Israéliens dans leur conviction profonde », j’aime trop, il fallait que je le réécrive « que ce pays », lequel ? je suis un peu perdue, moi, « n’est qu’un état », « n’est que », formulation méprisante, est-il possible que ce soit voulu, « n’est que », donc ,« un état client », qui paie donc, « de Téhéran .», amis géographes, vous y êtes, là, c’est l’Iran. Cette phrase là, elle est juste racinienne. Chapeau bas.

« La ligne bleue, tracée par l'ONU après le retrait de Tsahal du Liban-Sud en 2000, reste depuis 1973 le dernier front ouvert entre Israël et le monde arabe. »

« Tracée en 2000, elle reste depuis 73 », là, ce n’est même plus que ça ne veut rien dire, je vous le dis, moi, ce mec boit.

« Le secteur est toujours à haut risque, »

Vous m’en direz tant. Tiens d’ailleurs, justement Adrien. Ote-moi d’un doute. Risque de quoi et pour qui, s’il te plaît ?

« même s'il est resté étonnamment calme depuis la guerre de 2006 contre le Hezbollah. »

Vous apprécierez le « étonnamment ». Hélas, rien de très étonnant pourtant dans la réponse à ma dernière question que voici entre les lignes pas si bleues. « Depuis la guerre contre le Hezbollah ». Voilà, c’est écrit. Les belliqueux sont israéliens, une fois pour toutes. Sinon, la formulation neutre eût été « depuis l’affrontement israélo-libanais de 2006 » Ou même « depuis les derniers affrontements de 2006 ». Mais non. La guerre est contre le Hezbollah. Donc israélienne. 

« Le parti chiite a, d'après toutes les sources diplomatiques, reconstitué grâce à l'Iran et la complicité de la Syrie un impressionnant arsenal de missiles de tous types, capables d'atteindre Tel-Aviv. Israël a de son côté revu à la hausse les listes de cibles potentielles de son aviation, et ses objectifs dans une éventuelle guerre terrestre. »

Deux phrases au présent, pour l’ambiance. L’heure n’est plus à la prudence journalistique du conditionnel. Les diplomates ont parlé. On sait. Côté chiite, un « impressionnant arsenal », bizarre, l’adjectif « impressionnant », quand « véritable »aurait largement suffi, Adrien est admiratif ou quoi ? Côté israélien, « une liste de cibles potentielles revue à la hausse ». Berk. Pas du tout impressionnant, de ce côté là. Juste du froid. De l’inhumain. Du benêt, même. On prépare la liste des cibles de notre aviation pour une éventuelle guerre terrestre ! On est vraiment tartignoles, en Israël.

Le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, avait encore averti en mai dernier que «le gouvernement libanais serait tenu pour responsable de tout incident provoqué par le Hezbollah».

Ah ? Un plus que parfait, maintenant. On « avait averti », « encore », bon, Adrien, les adverbes c’est pas ton truc, pas grave, vous serez tenus pour responsables et ne venez pas vous plaindre après si bing. En clair, pour notre Adrien, c’est comme si c’était fait.

« Une ligne de bidons bleus »

C’est Adrien qui l’a écrit.

« Pourtant, malgré cette surenchère, »

Quelle surenchère ? Encore une fois de qui, de quoi ?

«les quatre dernières années ont été les plus calmes depuis 1978», expliquait il y a quelques semaines au Figaro Milos Strugar, le directeur des affaires politiques de la Finul.

Le renforcement de ce contingent des Nations unies, qui compte à présent près de 15.000 hommes munis de matériel lourd, le déploiement de l'armée libanaise au sud du Litani et le recul du gros du dispositif militaire du Hezbollah au nord de ce fleuve ont sans doute contribué à réduire les risques d'un incident de frontière. »

J’aime le « sans doute ».

« Depuis 2007, la Finul a travaillé à matérialiser par une ligne de bidons bleus les parties les plus floues de la ligne, pour éviter son franchissement involontaire. Le Hezbollah a cessé, de son côté, de lancer des raids du type de celui qui avait déclenché la guerre de l'été 2006. »

« Sans doute », quoi, moi aussi, je sais le faire, que la vraie raison du calme étonnant est là. S’ils ont cessé de déclarer la guerre, c’est plutôt normal qu’elle n’ait pas eu lieu, avec ou sans bidons.

« Outre les violations régulières de l'espace aérien libanais par les avions israéliens, le seul incident notable a été un échange de coups de feu entre les armées libanaises et israéliennes, qui avait fait quatre morts le 3 août dernier. »

Sur la forme, les familles israéliennes n’aiment pas ce terme « incidents », Adrien, et je suis sûre que les familles libanaises non plus. Il n’y en a vraiment pas d’autres en magasin quand il y a mort d’hommes ?

Et sur le fond, je préfère ne pas faire de commentaires, toute émue que je suis par la concision digne dont fait preuve ici notre journaleux. « Echange de coups de feu ».

« Il n'avait pas dégénéré en conflit armé, notamment grâce au système de réunions tripartites mis en place par la Finul. »

Ah, mais c’aurait pu, donc ?

« Pourtant, »

Donnez-moi la date de son anniversaire que je lui offre un Bled.

«  comme le soulignait un rapport de l'International Crisis Group paru en août dernier, la situation est «exceptionnellement calme et particulièrement dangereuse pour la même raison». «La menace d'une guerre à outrance (…) et les risques de la voir s'étendre à toute la région contribuent à dissuader les deux camps. » Mais, continue le rapport, «sous la surface les tensions montent sans soupape de sûreté. »

Comment sans soupape de sécurité ? Ils ne reconnaissent pas l’action de la Finul, chez l’International Crisis Group ?

« La dissuasion a aidé à maintenir la paix, mais le processus qu'elle perpétue -les préparations militaires qui s'autoalimentent mutuellement (…)- pourrait déclencher ce qu'il a jusqu'à présent contribué à empêcher.»

Limpide.

Moins que « Si vis pacem para bellum », mais limpide.

Tu connais le latin, Adrien ?

Voir les commentaires

Rédigé par Victoria

Publié dans #La petite leçon de journalisme

Repost0

Publié le 5 Octobre 2010

En fait, pour tout dire, j’ai longtemps craint que les terroristes ne soient pas si bien organisés que ça. Il m’a même semblé un temps régner en leurs rangs une espèce d’anarchie brouillonne dont je ne savais si elle était plutôt rassurante ou totalement affolante. Fort heureusement les dirigeants ont aujourd’hui repris les choses en main. Ils utilisent les moyens de leur époque pour communiquer et s’expriment de plus en plus aujourd’hui sur les sites islamistes généreusement relayés par les grandes agences de presse internationales. Ainsi, un semblant de contrôle semble enfin s’exercer. Ouf. D’autant que les agences de presse ne font pas que relayer. Elles s’engagent courageusement.

Exemple cette semaine. Imaginez. Vous êtes un petit terroriste tout seul perdu dans la grande Europe et vous ne savez pas bien pour quel genre d’action opter. Qu’à cela ne tienne. Lisez l’Express. Vous y trouverez la liste des cibles opportunes intelligemment répertoriée.


Alors, en bleu, c'est l'article de l'Express tel quel, en rouge, mes petites annotations.

La tour Eiffel et Notre-Dame ciblés par les terroristes, selon Fox News Ca, c'est le titre.

Aujourd'hui le 4 octobre 2010 07h43

L'EXPRESS.fr
Bon. La Tour Eiffel et Notre-Dame. Pas à dire, ça le fait.

Une liste de cibles de possibles attentats aurait été obtenue par les services de renseignement occidentaux.

Merci 1 de les avoir obtenus, 2 de les transmettre.


La tour Eiffel à Paris ou la gare centrale de Berlin figurent, parmi d'autres lieux fréquentés en Europe, sur une liste de cibles de possibles attentats, obtenue par les services de renseignement occidentaux, rapporte Fox News.

Ouais, pas mal, c’est bien, ça, les gares.

Selon la chaîne américaine, citant un haut responsable occidental du renseignement, cette liste aurait été communiquée par un "ressortissant germano-pakistanais interrogé à la base (militaire américaine) de Bagram, en Afghanistan".

Sans blague, un « germano-pakistanais interrogé en Afghanistan », c'est pas magnifique ? Comme qui dirait de la première main. Même si je dois dire que moi, perso, j’aime moyen le « haut responsable occidental du renseignement » qui vient cafter à la télé, et même pas sur CNN, en plus. Pas très sérieux. Mais….


Fox News ajoute que cette information a été confirmée par un autre haut responsable du renseignement.
 

Bon, alors si un autre « haut fonctionnaire » confirme, …

On en était où, là ? Oui, alors, en très-fréquenté-fout-les-boules, nous avons la Tour Eiffel, la Gare de Berlin, un petit aéroport aussi, peut-être ? 
 

Sur cette liste figurent également, selon Fox News, l'hôtel de luxe Adlon, près de la Porte de Brandebourg à Berlin, la tour de télévision de l'Alexanderplatz, également dans la capitale allemande, ainsi que la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Non. Pas Roissy. Mais un hôtel, une tour de télévision, pas mal, quand même. Encore que Hôtel Adlon, porte de Brandebourg, ça en jette quand même moins que World Trade Center, New York, mais bon.


"Un responsable a également indiqué que la sécurité avait été renforcée autour de la famille royale britannique", a rapporté Fox News.

Là, c’est du n’importe quoi, on passe.


Les Etats-Unis ont mis en garde dimanche les Américains voyageant en Europe contre des "risques potentiels d'attentats terroristes", les appelant à la vigilance dans les lieux publics, après des informations de presse indiquant que des attentats avaient été déjoués.

Vrai, depuis qu’il y a des militaires et des cars blindés partout et qu’on se fait fouiller pour un oui pour un non, je n’aurais jamais cru qu’une menace terroriste était réellement envisagée.

"Les informations actuelles laissent penser qu'Al Qaeda et des organisations affiliées continuent de préparer des attentats terroristes", indique le département d'Etat américain dans un communiqué.

"Laissent penser..." Vous m'en direz tant...

"Les citoyens américains doivent se montrer particulièrement vigilants et prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer leur sécurité pendant leurs voyages", poursuit le document, faisant état de risques notamment dans les transports et les infrastructures touristiques.
 

Au secours ! C’est quoi les mesures nécessaires ?!!

 

En attendant, pour ceux qui n’ont pas compris, je traduis. « Al Quaida, méfie toi, on sait que tu es là et on t’attend. » Bouh.

Rassurés ?

Voir les commentaires

Rédigé par Victoria

Publié dans #La petite leçon de journalisme

Repost0