Bonjour du jour

Publié le 27 Octobre 2010

J'ai eu un temps un correspondant privilégié rencontré sur Internet.

Quoi ? Je sais le faire, moi aussi.

On se calme. Un inconnu marié et amoureux, habitant un pays très lointain. On ne se connaissait pas, on ne se connaîtrait jamais et tout le monde était content.

Un parfait inconnu auprès duquel je pouvais déverser toutes mes colères et tous mes doutes, ça, déjà, c'est bien, mais surtout toutes mes joies et tous mes espoirs, toutes ces choses qui vous font paraître ridicule lorsque vous les exprimez devant vos amis.

 

Lorsque cet ami virtuel m'a dit un jour tu devrais écrire un blog, quel moche mot, je me suis dit que je l'avais assez embêté comme ça et j'ai arrêté de lui écrire pour ouvrir ce truc.

 

Quoi, quoi, je ne suis pas ridicule ?

 Ne niez pas. Je connais ça par coeur.

 

Pour mes amis, je suis une artiste, une naïve, une candide, une bienheureuse, Mère Thérésa, même, parfois.

Notez, je suis plutôt vernie. J'échappe aux termes idiote de service, niaise ou benête, mais c'est seulement parce qu'on m'aime.

 

Emmène-moi sur ton nuage, m'a-t-on encore dit la semaine dernière.

J'ai été partagée entre l'attendrissement et la consternation.

Tu veux vraiment venir sur mon nuage, viens.

J'élève trois ados délurés, je travaille comme une dingue jour et nuit, le banquier me poursuit, les tracasseries administratives me minent, je suis probablement la personne qui paie les plus grosses notes de téléphone du monde, 10 ans et un divorce après, j'ai toujours le père de mes enfants sur le dos en consultation permanente, je n'ai pas d'amoureux, il paraît que je terrifie les hommes malgré mon joli sourire et je dois reconnaître qu'on m'a toujours demandé la permission avant de m'embrasser, mince, si tu veux venir sur le nuage, prends ton parapluie et viens !

 

Mais.

Sur mon nuage, il est vrai que le parapluie servira de parasol. Parce que les ados sont des merveilles de personnes, mon travail me passionne, j'ai choisi de ne faire que des choses que j'aime, et jour et nuit, c'est parce que j'en aime trop, je cours bien plus vite que mon banquier dont j'ai la photo sur le frigidaire, les tracasseries administratives sont le sujet de mes sketches préférés, mes petites kafkaïades à moi, si on paie beaucoup de téléphone, c'est aussi parce qu'on a beaucoup d'amis et le père de mes enfants, pour chiant qu'il soit continue d'être un père aimant 10 ans après et rien que ça, ça vaut bien une petite psychanalyse sauvage de temps en temps. Quant à l'amour, j'en ai épuisé le quota pour plusieurs vies.

 

J'ai donc ouvert ce blog et j'ai commencé, enfin continué à écrire.

Pour qui, je n'en avais aucune idée, et ça, je dois dire que c'était beaucoup moins drôle qu'avec mon inconnu.

Parce que mon inconnu, je ne le connais peut-être pas, mais il existe. Alors que là, silence absolu au bout du fil.

Rien.

Un peu angoissant, la solitude.

Et là, vrai, franchement un peu ridicule.

 

Jusqu'à ce qu'une première amie me confie. Je te lis tous les jours, je ne suis pas d'accord avec ce que tu racontes, mais tu le dis si bien que je ne vois pas par quel bout te contredire.

Allons bon.

En fait, tu dis n'importe quoi, m'a dit un autre, mais on a tant de paisir à te lire que tu nous embobines et à la fin, on ne sait même plus ce qu'on pense.

On ne sait même plus ce qu'on pense ? Ah. Je n'écris peut-être pas pour rien !

Bref, un plus un plus un autre, il semble qu'en fait, je dispose de quelques lecteurs.

Et pas des moindres.

Donc.

 

Sachez que j'ai plein de sujets magnifiques en magasin.

"Quand on dépasse les bornes, il n'y a plus de limites", probablement la grande phrase de la réforme des retraites en France. Peut-être même plus que le fichier d'empreintes génitales de Brice.

Le petit meneur des jeunesses UMP qui trouve que Laval était courageux en son temps. Il veut sûrement dire que lui aurait sûrement sû quoi faire face aux manifestants. Et il a raison. Laval a étouffé la réforme des retraites dans l'oeuf en se débarrassant des retraités au berceau. Et ça, pas à dire, c'est fort.

Le portrait de Pétain qui a été retiré de la salle du conseil de la dernière commune de France qui s'entêtait à le laisser poser au milieu des autres chefs d'état français. La licra qui s'excite, la pauvre chérie. On leur a pourtant bien expliqué. La France de Vichy, ce n'était pas la France. Pétain ne pouvait donc pas être le dirigeant d'un état qui n'existait pas. C'est limpide. C'est une règle de géographie complexe, mais limpide. La France, en 42, n'avait pas pour capitale politique Vichy, mais Londres. D'ailleurs, les manifestants dans les rues étaient des millions, autre chose que la réforme des retraites, je peux vous le dire, pour affirmer haut et fort leur opposition farouche à ce régime abscons.

Bon, d'accord, j'arrête, ce n'est pas drôle.

Vous croyez que le petit con UMP sait que c'est Laval soi-même qui a donné à Hitler la liste des otages à fusiller en 41 ? Et que si Guy Moquet n'était, il est vrai, pas sur ses listes, les listes en question n'en indiquaient pas moins très clairement que les fusillables étaient tous communistes ?

Quelle salade, mes aïeux, quelle salade.

 

Chers 10 lecteurs de mon coeur.

Je peaufine tout ça et on se retrouve très vite.

 

Rédigé par Victoria

Publié dans #Journal

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