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Publié le 6 Avril 2011

       Voulez-vous savoir pourquoi nous, les Israéliens, sommes si nuls en communication ?

      

       C’est parce que, s’il est établi que nous sommes, en Juifs qui se respectent, totalement paranoïaques, on oublie trop souvent de se souvenir qu’en parfait démocrates, nous sommes aussi culpabilisables à l’infini.

 

       Qui peut penser une seule seconde que nous ayons besoin que l’on nous explique où nous avons trébuché, où nous avons failli ? Nous avons pour nous-mêmes des exigences dont personne n’a seulement idée. Nous faisons montre à notre égard d’une sévérité et d’un manque d’indulgence que personne n’atteindra jamais. La vindicte mondiale n’a pas le temps de se mettre en branle que l’auto-flagellation a déjà commencé chez nous. L’armée israélienne a-t-elle jamais attendu quiconque, ONU et consorts, pour se remettre en question et pour enquêter sur le bien-fondé et la justification du moindre de ses actes ? Cela ne change rien à rien de savoir cela, mais il semble qu’il soit parfois bon de rappeler certaines évidences.

       Quand dès l’enfance, on t’enseigne qu’il ne faut pas « faire aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse », la vie est définitivement bien amère sur cette planète…

 

       Un homme a été criblé de balles hier à Jénine. Cet homme-là était de ceux qui fustigent l’ « occupation israélienne ». Il était de ceux qui ont appelé au boycott de la culture israélienne. Les plus virulents défenseurs de la cause palestinienne, est-il utile de le rappeler, sont ici. Les ONG les plus actives sont juives. Une fois de plus, cela ne change rien à rien, mais que cela soit écrit, une fois pour toutes. De même que l’appel au boycott a été lancé d’ici. Lancé et entendu. Ce qui fait que certains des intellectuels israéliens qui avaient appelé à la mise en quarantaine de la culture israélienne se sont fait interdire l’accès à certaines manifestations internationales. Ils ont donc été obligés, les naïfs, de lancer une reformulation de leur appel au boycott à laquelle ils n’auraient jamais pensé de prime à bord, indiquant clairement qu’ils appelaient au boycott non pas de tous les intellectuels israéliens, mais de ceux qui se faisaient les complices selon eux de cette « occupation israélienne ». Cette insistance même est infiniment touchante. Elle témoigne d’une honnêteté intellectuelle qui force le respect. Elle témoigne surtout à mon sens d’une méconnaissance totale des motivations réelles des pro-palestiniens de par le monde, qui dans leur grande majorité n’ont que faire des Palestiniens, mais saisissent là l’occasion si belle de hurler leur haine du Juif, de l'Israélien, du Sioniste… Qui oserait prétendre qu’Israël gommé de la carte, il y aurait une seule bonne âme pour s’intéresser encore au sort des Palestiniens ? A moins que certains ahuris pensent une seule seconde que l’anéantissement des Juifs règlerait leur sort et leur permettrait de vivre dans la sérénité démocratique commune à tous les peuples arabes du monde ?

 

       Assez d’hypocrisie.

 

       Un homme a été criblé de balles hier à Jénine. Cet homme s’appelait Juliano Mer-Khamis. Non, messieurs les rares journalistes qui ont couvert l’information, il n’était pas « arabe israélien », mais il était juif et palestinien. Il a été tué par ceux pour les droits desquels il se battait. Vous avez eu peur de l’écrire ? Pauvres fous !

       Mais qu’est-ce que vous croyez ? Ils abritent en leur sein des êtres primaires et barbares et alors ? Pour ça, ils ne devraient pas avoir de pays ? Certains sont capables de danser quand on égorge des enfants dans leur sommeil et alors ? Pour ça, ils ne devraient pas avoir de pays ? On les encourage bêtement à réclamer une terre qui n’a jamais été la leur en tant que peuple et alors ? Pour ça, ils ne devraient pas avoir de pays ? On ment en permanence sur leur situation réelle et alors ? Pour ça, ils ne devraient pas avoir de pays ? Aux premières élections de leur autonomie toute neuve, ils ont élu un parti extrémiste et alors ? Pour ça, ils ne devraient pas avoir de pays ? Ils sont le peuple qui reçoit le plus de subventions du monde sans que jamais sa situation ne s’améliore et alors ? Pour ça, ils ne devraient pas avoir de pays ? Ils laissent certains enseigner la haine à leurs enfants et alors ? Pour ça, ils ne devraient pas avoir de pays ?

       Elle est là, votre crainte ? Vous avez peur en disant la vérité, en ouvrant, un peu, les yeux du monde de délégitimer les aspirations palestiniennes ? Hérésie. A moins qu'en prenant le risque de détourner l'indignation d'Israël, vous ne craigniez qu'on ne vienne regarder d'un peu plus près vos propres affaires ? Qu'on vous demande des comptes ?

 

       C'est malgré tout ça, peut-être même pour tout ça, comme tous les humains de cette planète, qu'ils doivent avoir un pays, on peut vous l’expliquer, si vous voulez. Qui discute ce point, à part quelques désœuvrés européens en mal d’indignation ? Les plus réels défenseurs de la cause palestinienne sont chez nous.

 

       Juliano Mer Khamis était de ceux-là. C’était un homme de théâtre. Il avait monté à Jénine le Théâtre de la Liberté et certains Palestiniens ne lui en étaient pas reconnaissants. Certains Palestiniens ne l’aimaient pas et n’aimaient pas son théâtre. Ils n’aimaient pas qu’il fasse jouer à leurs enfants des pièces subversives comme « la ferme des animaux » d’Orwell. Certains Palestiniens l’ont tué hier, de cinq balles dans le corps. Certains d’entre eux.

      

       La Palestine est-elle en deuil aujourd’hui d’une de ses colombes ? J’ai cherché un signe de leur chagrin et je ne l’ai pas trouvé. Tous ces pacifistes internationaux, chevaliers de la paix et autres boycotteurs pleurent-ils aujourd’hui le chantre de la libération du peuple palestinien ? Leurs sanglots sont bien discrets. J’ai cherché leurs larmes et je ne les ai pas trouvées. Les indignés de tout poil ont là du beau grain à moudre. J’ai cherché la trace de leur colère et je ne l’ai pas trouvée.

 

       Le deuil, la colère, le chagrin, les larmes existent pourtant.

       Ici en Israël.

 

       Tout le monde ne partageait pas les idées de Juliano Mer Khamis, mais je crois pouvoir dire que tout le monde était fier qu’il soit ce qu’il était et qu’il aille au bout de ses idées avec cette fougue et ce talent qui étaient les siens. Israël pleure aujourd’hui Juliano, comme une famille pleure un de ses enfants tombé pour la paix.

 

       Hypocrites de tous bords, vous ne méritiez pas son combat.

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Rédigé par Victoria

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Publié le 4 Avril 2011

« Israël a demandé à ses citoyens d’évacuer immédiatement la péninsule égyptienne du Sinaï, quelques heures après que l’aviation israélienne ait tué, dans la nuit de vendredi à samedi, trois militants du Hamas que l’Etat hébreu soupçonnait de comploter pour kidnapper des Israéliens. »

Voici ce sur quoi je suis tombée hier chez nos amis canadiens alors que je cherchais désespérément un entrefilet concernant la rétractation du juge Goldstone… L’intérêt d’Internet, c’est que la couverture, même si elle n’est ni chaude, ni épaisse, est tout de même plus large.

Je passe sur "l'Etat hébreu" qui "soupçonne des comploteurs". Quand les autres nations, avec une sagacité et un esprit déductif qui forcent le respect, démantèlent des réseaux terroristes et réalisent des coups de filet de première importance, nous, on attaque des militants et on tue des escouades de comploteurs à moto pendant qu'ils vont à la mosquée.

Je passe aussi sur cette idée paranoïaque de croire qu’on veut nous kidnapper. Mais ça va pas, non ? Encore que... Quand on voit le peu d’émotion que soulève de par le monde le cas du jeune Guilad Shalit, on se demande bien ce qui pourrait inquiéter les apprentis ravisseurs…  D'ailleurs attendez, je me demande... ces pacifistes turcs qui ont tenu entre leurs mains de dangereux sionistes en uniforme certain jour sur certain bateau et qui se les sont pris à coup de pieds de chaises sans en tuer aucun, dans l’affolement, un accident est pourtant si vite arrivé, un mauvais coup sur la tempe et c’est plié, mais non, à croire qu’ils les voulaient vivants, les petits soldats israéliens, l’idée est-elle si stupide, elle expliquerait en tout cas bien des choses, à commencer par la réaction totalement… comment dit-on déjà, ah oui, disproportionnée desdits soldats, non ? On voit des choses si bizarres de par le vaste monde...

Je n’ai envie de retenir ici que cette demande incongrue qu'on nous fait de ne pas aller en Egypte juste maintenant... A deux semaines de la Pâque juive... Et puis quoi, encore ? On attend la période précise où nous célébrons la sortie d'Egypte pour nous interdire d'y entrer ? Ca n'est pas sérieux.

On connaît pourtant la chanson. Il y a de cela fort longtemps, nous avons été esclaves de Pharaon en Egypte. La lecture, chaque année, de l’épique histoire de notre sortie du pays des pyramides par la mer coupée en deux par Moïse, qui, on l’a dit et répété, dans un désert truffé de puits de pétrole s’est débrouillé pour nous conduire sur la seule enclave qui n’en contienne pas, nous fait dîner le soir de Pessah à pas d’heure, c’est dire si on sait de quoi on parle.

Il aurait fallu être idiot pour passer à côté d’une si belle occasion de célébrer symboliquement la libération de tous les esclavages et c’est ce que nous faisons. 

Cette liberté, si chèrement conquise, je ne suis pas sûre que nous lui accordions aujourd’hui la valeur qu’elle mérite, mais là n’est pas mon propos. 3 ou 4000 ans et une paix plus tard,  nous voici donc une nouvelle fois amenés à fuir l'Egypte ? 

Misère de misère…

Ce serait le comble, d’aller se faire prendre en otage en Egypte moderne précisément quand nous célébrons notre libération de son joug ancien, mais quand même.

A bien y réfléchir, je réalise qu’une fois de plus, nous sommes amenés à vivre cette vérité première que l’humain ne supporte ni les portes fermées, ni les frontières interdites.

Il serait peut-être bon de changer cette année les paroles de nos prières pour dire plutôt : Puissions-nous entrer un jour prochain librement en Egypte…

Car, finalement, la vraie liberté, c’est pouvoir entrer ou pouvoir sortir ?

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Rédigé par Victoria

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Publié le 28 Mars 2011

Bon. Le kibboutz dont je parlais l'autre jour, je le connais bien parce qu'une de mes tantes y vit depuis plus de 40 ans. Il y a là dans le périmètre trois kibboutzim, trois oasis dans le désert à 3 km de Gaza, trois miracles de verdure et de beauté végétale. Parce que la région, c'est cela, aussi. Le désert, désertique côté arabe, fleuri côté israélien.

                       Parce que l'histoire est aussi histoire de couleur.

                       Je me souviens.

           Dans une classe exclusivement musulmane de la banlieue nîmoise, deux élèves s'insultaient. Très calme et digne, je suis allée écrire au tableau : "Édifiant de savoir que mes élèves arabes sont d'affreux racistes. Deux possibilités. Rapport, exclusion et tout le tintouin ou bien exposé commun."

Étonnant de constater comme l'écrit apaise les classes. Toutes les classes. Sans exception. Bien plus efficace que toutes les gueulantes du monde. Et bien moins fatigant.
            - Racistes, nous ?

                        "Vous avez raison. Ignorants. Ce qui est pire."

                        Les élèves vociféraient, je continuai d'écrire en silence.

                        "Vous préférez un rapport ?" 

                        - Pourquoi commun, l'exposé ?

             "Après les insultes que vous venez de vous dire l'un l'autre, vous voilà mûrs pour travailler ensemble."

                        - Jamais.

                        "C'est vous qui voyez."

                        Petit silence. La classe était comme tétanisée.

                        - C'est du chantage.

                        "Ne confonds pas tout. C'est du travail et je suis professeur."

                        - Sur quoi, l'exposé ?

                       " Delacroix."
                        - Ça, madame, vous avez pas le droit. Vous savez à qui vous parlez ?

                        "Delacroix et vous ne remettrez les pieds dans mon cours qu'avec."

           

           Les élèves sortirent rageusement. L'un d'entre eux était resté. "Pourquoi vous faites ça, madame, ce n'est pas bien".

- Eugène Delacroix est un peintre, de quoi crois-tu qu'on parle, un peintre qui aima l'Orient. Je viens de faire à tes deux andouilles de copains un merveilleux cadeau. Et tu ferais mieux d'aller avec eux en bibliothèque pour partager la découverte au lieu de jouer les justiciers.

                        Sourire radieux de l'enfant.

                        De mémoire de professeur, jamais on ne vit plus bel exposé.

           

           Mmmmmmm. Vous êtes vous déjà promené dans la lumineuse Jérusalem ? Il y a une chose tout à fait étonnante que l'on y remarque immédiatement, c'est la différence d'atmosphère qui règne dans les quartiers arabes. Une tristesse beige et poussiéreuse, une tristesse infinie. Lorsque vous longez ce qu'on appelle les territoires, vous êtes frappé par les deux mondes que sépare la route. J'ai souvent essayé de comprendre. Et aujourd'hui, je sais. La différence n'est qu'une histoire de couleur. Un des côtés de la route est aride et sec et marronnasse, l'autre est vert et fleuri. Déjà, les réservoirs d'eau solaires sur les toits ont, par accord tacite, parce qu'ici aussi, il y a des accords tacites, été choisis blancs, d'un côté et noirs de l'autre. Je vous laisse deviner où est le blanc.

Et que l'on ne vienne pas me bassiner avec l'eau, le désespoir, la spoliation, la misère, que sais-je encore. Je parle de la même ville. La même rue. Les mêmes gens. Parfois, je me dis qu'il suffirait peut-être que les gens qui connaissent le plaisir des fleurs traversent la rue avec un bouquet vers ceux qui ne le connaissent pas.

Je ne vous cache pas que quand je dis des choses comme ça, je passe pour une furieuse. Je n'y connais rien, je n'y comprends rien, je crois que tout le monde est gentil et beau, pauvre folle que je suis. Une artiste, n'est-ce pas ?

Et si... Et si...

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Rédigé par Victoria

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Publié le 27 Mars 2011

Mon dernier texte semble avoir eu plus de lecteurs que d’habitude. Sans doute parce que je lui ai donné un petit côté people en y associant Jamel Debbouze…

Là, désolée, même avec la meilleure volonté du monde, je ne vois que Dingo pour illustrer mon propos. Nettement moins glamour, mais… Jugez plutôt.

Je terminai donc la dernière fois sur une petite devinette. Qui a fabriqué les abris des kibboutzim voisins de Gaza sur la route d'Ashqelon ? J’ai le regret de dire que personne n’a trouvé la bonne réponse, personne ne semble même l’avoir seulement cherchée et c’est dommage parce qu’elle est magnifique.

Donc je reprends. Alors que les missiles tombent sans discontinuer en provenance de Gaza, même après la dernière guerre, le gouvernement israélien décide qu’il faut agir et équiper d’abris les kibboutzim voisins, vous savez ces fermes collectives nées de l’utopie communiste. Non pas qu’ils n’aient pas d’abri, les fermiers, mais celui-ci est comme le reste, collectif, et quand on sait qu’à chaque alerte on dispose d’exactement 20 secondes avant l’impact, un seul abri central pour des centaines de personnes dispersées dans les champs, c’est un peu léger.

L’état israélien vote donc le budget pour la fabrication d’abris personnels, un pour chaque famille du kibboutz. Pas très pittoresque, ce petit pâté de béton à côté de chaque maison de l’oasis, mais ici, en matière de sécurité, on ne plaisante pas. Gros budget et gros chantier en perspective. On lance un appel d’offre. Une entreprise israélienne le remporte Et s’empresse de trouver un sous traitant performant.

Où je vous prie ? Oui ? Je n’entends pas ? Mais si, osez, dites-le…

A Gaza. Bravo. Ce qui veut dire que tous les jours, pendant presque un an, un bus est sorti de Gaza, oui, le même Gaza blocusé des médias, pour amener aux kibboutzim voisins, au pluriel, s’il vous plaît, des ouvriers gazaouis hilares de construire le lundi les abris qu’ils bombardaient le mardi.

Moi, je trouve ça très drôle. Mais en vrai, ça ne l’est pas vraiment. Parce que les Gazaouis se sont un peu foutus de la gueule de notre entrepreneur. Ou notre entrepreneur s’est lui, beaucoup foutu de la gueule de ses clients. Je ne sais pas. Toujours est-il que les ouvriers qui sont sortis de Gaza chaque jour étaient des garçons très jeunes et très très peu expérimentés en maçonnerie. D’où mon allusion fine à Dingo sur son chantier qui avec son échelle détruisait tout ce qui était vertical, vous connaissez ce petit film ? Nos petits Gazaouis ont fait exactement la même chose. Volontairement ou pas, ils ont consciencieusement joué à Attila dans au moins un des kibboutz, celui que j’ai vu, éraflant les murs, déracinant les arbres, saccageant les pelouses, piétinant les fleurs, une horreur.

Mais un contrat est un contrat, un budget d’état est un budget d’état et le projet à été mené à son terme. Ils ont mis plus d’un an pour des travaux qui auraient dû durer six semaines, certes, mais ils ont terminé le chantier sans une seule journée cesser de bombarder.

Là encore, pas un journaliste, pas un reportage, pas une photo, c’est du croustillant, pourtant, bon, je reconnais que quand on hurle à l’apartheid, avec une info comme ça, on a l’air con, mais quand même.

On fait quoi avec ça maintenant ?

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Rédigé par Victoria

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Publié le 25 Mars 2011

Petit Monsieur Jamel.

Lors de la dernière guerre de Gaza, vous vous êtes engagé. Vous avez monté l’opération « Un avion pour Gaza ». Je ne sais pas si vous avez finalisé la chose, mais l’idée, déjà était touchante. Je viens vers vous aujourd’hui parce c'est maintenant que les Gazaouis ont besoin de vous et je ne vous entends pas. Vous êtes où ? Vous attendez quoi ? C'est pourtant quand le Hamas part en vrille qu'il faut les aider.
          Moi, j’habite en Israël. C'est dire si la vrille du Hamas, je connais bien. Des missiles nous tombent dessus depuis deux jours, ce n’est pas très nouveau, mais beaucoup quand même, genre 77 en 2 jours, alors, moi, je me dis mazette, nos charmants voisins merdent un peu là, parce ces missiles à longue portée-là sont nettement moins disproportionnés que ceux d’avant qui ne valaient même pas la peine qu’on en parle et leur angélisme risque d’en prendre un sérieux coup face à un reste du monde ultra-réceptif à notre moindre hoquet.

Au moins, avec tout ça, nous sommes sûrs que nos sirènes d’alarme fonctionnent correctement, tseva adom, tseva adom, couleur rouge, couleur rouge, tout bien, tout bien, parfaitement audibles d’un bout à l’autre de nos villes. Certains oiseaux de mauvaise augure pensent que ça ressemble furieusement à une déclaration de guerre, mais nous, ça fait bien longtemps qu’on l’a compris, ce n’est pas parce que l’amoureux se déclare qu’on est obligée de l’épouser tout de même. Et en fiancée réticente, nous sommes très très bons.

Mais si ça continue, il va bien falloir aller leur demander gentiment d’arrêter de mettre des clous dans leurs bombes, c’est conventionnel, ça d’abord ? C’est une bonne question à poser à ces messieurs de la Convention des Droits de l’Homme de l’ONU, non ? Mince, est-ce qu’ils arrivent à siéger encore, ceux-là, maintenant qu’un de leurs membres, la Lybie pour ne pas le nommer, s’est mis en grève illimitée ?

En attendant, le cœur au bord des lèvres, nous nous préparons. Le jour de Pourim, vous savez, notre carnaval, il y avait distribution gratuite de masques à gaz à la mairie. Je suis arrivée à la maison avec les boîtes.

- C’est quoi ça ?

- Des masques, mes petits chéris, des masques.

- Ah, tu te déguises en quoi ?

- En mouche.

Quoi ? Mettez un masque une minute et vous verrez qu’ils sont très peu seyants. Je n’ai pas du tout envie de sortir ces masques de leurs boîtes, Monsieur Debbouze.

En attendant, les exercices de sécurité se sont multipliés chez nous ces derniers temps. Je vais vous confier un secret. C’est là notre petit plus. Ils balancent un missile. L’alarme sonne. On court dans les abris. Dans cet ordre. Pardon. J’oubliais. On court dans les abris avec nos enfants. Evidemment.

Vous pouvez peut-être m’expliquer pourquoi lors du dernier raid que nous avons mené, des enfants, paraît-il, qui « jouaient au foot » ont été tués ? On joue au foot pendant un raid maintenant ? Quand chez nous, les écoles sont fermées depuis trois jours déjà ? Vous pouvez m’expliquer ?

Ici, on nous a recommandé d’organiser nos petits abris personnels, d’y mettre un peu d’eau et des conserves, une radio à piles et une torche, dans la série on ne sait jamais, n’est-ce pas ?

Et pendant tout ce temps là, silence radio total du côté de l’information, pourtant d’ordinaire friande de ce genre d’emballement. Où sont-ils tous ? Au Japon ? Mais non, même pas. Nous avons été les premiers à y envoyer nos équipes médicales. Où alors ?

Si, si, vous avez bien lu, depuis deux jours que ça nous tombe dessus, de plus en plus loin, ce qui veut dire de plus en plus près, on est d’accord que cette discrétion radio-télé est surréaliste ? Mais ils sont où, tous les journalistes, tous les analystes, tous les reporters, tous les photographes, tous les journaleux de tout poil ? Est-ce que par hasard, ils attendent bien sagement que nous entrions dans Gaza, parce que c’est clair qu’on va finir par y entrer, à force, avons-nous le choix, pour hurler, là, là, je les ai vus, ils entrent, les sauvages, les barbares ? Que ce serait petit, que ce serait pervers. Que ce serait moche.

Vous voulez que je vous dise ? Les écoles chez nous, ont fermé dès la première alerte, normal. Je veux penser qu’elles ont fermé à Gaza aussi. Je veux penser que de l’autre côté de la frontière, parce que, n’en déplaise aux imbéciles, elle existe, cette satanée frontière, et tout le problème est là, c’est que certains voudraient bien la rayer de la carte, cette frontière, et nous avec, en attendant, je prie pour que de l’autre côté de la frontière, les mères gazaouies aient eu aussi le loisir de préparer leurs abris, ont-elles des abris ? J’espère qu’elles y ont blotti leurs enfants, les a-t-on laissées les protéger ? J’espère qu’elles ont fait provision d’eau et de conserves et de radios à piles et de torches.

Je suis heureuse de penser qu’on n’a pas eu besoin de leur distribuer des masques à gaz, parce que pour ça, avec nous, elles ne risquent rien.

Notez qu'avec notre mauvais esprit, nous avons pensé déjà, bien sûr, que peut-être leurs alarmes ne fonctionnaient pas très bien. Et comme, à défaut des voisins, nous voulons au moins être en paix avec notre conscience, nous balançons avant chaque raid des tracts sur les villes pour prévenir les gens de se mettre à l’abri. Vous avez bien lu. Nous sommes probablement la seule armée du monde qui prévient avant de bombarder.

Les journalistes modernes sont décidément les professionnels les moins curieux du monde qui n’ont jamais pensé à publier un de ces tracts, qu'est-ce que vous en pensez ?
          Tenez, je terminerai par une devinette ? Vous pouvez me dire qui a fabriqué les abris des kibboutzim voisins de Gaza sur la route d'Ashqelon ?

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Rédigé par Victoria

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Publié le 13 Mars 2011

Il paraît que la Marine est très déçue de n’avoir pu causer dans le poste avec Radio J…

Moi, je me souviens d’un temps où les radios juives étaient interdites de meeting Front National, carrément, et où pour passer quand même, ah, ce courage inconscient des journaleux, nous camouflions nos tendancieux logos sur les micros et magnétos…

Je vous livre ici tel quel l’article que j’écrivis à Marseille après une de ces folles aventures, en… allez, 1983-84.

 

« Grand meeting du Front National au Parc Chanot.

            Que ce genre de programme s’énonce est déjà une chose, mais que tant de gens le lisent en est une autre et qu’il puisse convaincre, alors là, l’idée est carrément surréaliste.

            Pour comprendre, il fallait aller sur place et poser les bonnes questions.

            Je me pointai donc sur place avec R. Le seul meeting politique payant….

            - Bonjour, vous êtes militant Front National, pouvez-vous nous exposer le programme de ce parti ?

            - Je ne suis pas militant, je suis là en curieux.

            - Ah, pardon, et vous monsieur ?

            - J’ai vu ce que faisaient les autres, je suis venu écouter ce que propose celui-là.

            - Vous en avez quand même une idée ?

            - Non. Il faut se méfier de ce qu’on raconte. Je veux entendre par moi-même.

            - Mais alors vous êtes tous là pour la première fois ?

            - Oui. Et alors ?

            - Alors vous avez payé…

            - Chez les autres c’est gratuit et ils disent que des conneries, là, on va voir…

            - Mais c’est déjà tout vu…

            R. me tira par la manche.

            - Tu arrêtes, s’il te plaît, on va se faire repérer. Je te rappelle qu’on est venu pour écouter Le Pen, alors ça serait bien si on ne se fait pas sortir avant qu’il arrive.

            - Ok, désolée.

            Je souris au curieux rougeaud qui transpirait derrière moi et me retournai vers la scène. La fête battait son plein. La salle était comble. Je marmonnai, « les curieux sont riches, cette année.» R. me fit les gros yeux. La tension était palpable. Je crois ne m’être jamais sentie aussi peu à ma place de ma vie. Une espèce de houle malsaine secouait l’auditoire tandis que discours et refrains se succédaient.

            Soudain tout s’arrêta. L’air sembla s’être raréfié. Une rumeur monta, il arrive, il est là. Comme un seul homme tétanisé, le public tout entier se leva. Derrière moi, le curieux rougeaud scandait Le Pen avec les autres, le poing dressé. Je lui souris gentiment, « vous ne m’enlèverez pas de l’idée que votre curiosité elle est quand même sacrément sympathisante… » R. me tira par la manche.

            - Tourne-toi et écoute.

            Face à un public électrisé et ultra réceptif, belle stratégie de se faire attendre si longtemps comme une rock star, le gros homme éructait, il aboyait, il haranguait. Il semblait enfler jusqu’à emplir l’espace. Du grand art. Les curieux, en transe hypnotique, ouvraient des yeux hallucinés. Il houspilla les femmes qui y étaient allées de leur contre-manifestation l’après-midi même. Derrière moi, mon rougeaud cramoisi hurla « les mouquers à la casbah », je me retournai vers lui, peut-être même me levai-je, je ne sais, déjà, R. m’entraînait vers la sortie. Nous sortîmes en courant, je me débattis.

            - Mais lâche-moi, qu’est-ce qui t’a pris ?

            - Il m’a pris que tu es une folle et moi un fou d’être venu ici avec toi, moins deux et ils nous lynchaient, tu ne t’en es pas aperçue ?

            - Pfff. 

            - Retourne-toi et tu verras.

            Derrière nous, à très peu de distance, un vigile nous avait courageusement emboîté le pas, matraque au poing. Je ralentis et micro au vent, l’apostrophai.

            - Il fait chaud là-dedans, hein ?

            - Oui, il sait y faire, Jean-Marie.

            - C’est quoi, ce que vous portez là ?

            - Quoi ? ça ?

            - Oui ?

            - Ben c’est une matraque.

            - Pour quoi faire ?

            - C’est pour nous défendre.

            - De qui ? Vous n’avez rien d’une victime.

            - Les gens nous aiment pas. Dès qu’on arrive, ils deviennent agressifs. Alors nous, on est prêts.

            - C’est normal qu’on devienne agressif quand on vous voit arriver, le crâne rasé et la matraque au poing, vous ne croyez pas ?

Le colosse me regarda bizarrement, son sourire s’était comme figé.

 

            R. me prit la main. Nous franchîmes les portes du Parc.

            Il reprit son souffle.

            - On voulait voir, on a vu. »

           

            Donc on a vu et on a vite oublié.

            Je n'ai pas envie de jouer les rancunières, mais quand même.

          C'est ébourriffant, l'amnésie, en même temps, hein ? J'appartiens quand même au peuple de France qui a pu sacrer empereur Napoléon en 1804, soit moins de 10 ans après avoir dégommé dans le sang et la Terreur ce pauvre Louis XVI et à la deuxième Révolution, quoi, à peine plus de 20 ans après Waterloo, s'élire comme premier président de la neuve République un type qui s'appelait... Louis Napoléon Bonaparte ! qui nous a fait évidemment quasi illico le coup du second Empire, etc...

Alors...

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Rédigé par Victoria

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Publié le 12 Mars 2011

Monsieur Hessel, je voulais vous dire que je vous plains.

Il n’y a chez moi aucune indignation, excusez-moi. Ce sentiment me semble indigne de toute cause noble, lorsque j’y pense, je ne peux m’empêcher d’avoir à l’esprit la commère en bigoudis, poings sur les hanches et qui s’indigne en faisant oooohhhhh !!!! son balai pas très loin, parce que le chien du monsieur du cinquième a fait caca sur son palier, excusez-moi.

Aucune exaspération non plus, tout sentiment qui pourrait me faire sortir de moi-même m’effraie, les exemples sur le sujet abondent et ils sont significatifs, vous ne trouvez pas ? N’est-ce pas vous-mêmes qui écrivez « On peut se dire que le terrorisme est une forme d'exaspération » ? Cela aurait du suffire pour que votre appel devienne : « Ne cédez jamais à l’exaspération ! », non ?

Mais je ne comprends pas tout.

Il n’y a en moi, monsieur Hessel qu’une juste colère et une immense tristesse. Colère parce que c’est ce sentiment là que soulèvent l’injustice et la mauvaise foi, la colère qui, si chacun sait qu’elle est mauvaise conseillère, est, lorsqu’elle ne s’assortit pas d’exaspération, un magnifique moteur de justice et de libération, vous en savez quelque chose, n’est-ce pas ?

Et tristesse, parce que ce monde que j’offre à mes enfants n’est en rien celui que je voulais qu’il soit, où l’hypocrisie et le mensonge plus que jamais sont rois et où jamais mon peuple, qui pourtant avait eu son compte, n’a été tant détesté, ni si bien.

Je n’ai pas lu votre livre, monsieur Hessel. Excusez-moi.

Je ne l’ai pas lu par respect pour votre passé.

Je n’ai pas envie de juger, qui serais-je pour le faire, mais je ne partage pas vos sentiments. Nulle forfanterie de ma part, monsieur Hessel. Je n’ai aucune intelligence visionnaire, aucune information secrète, aucun mérite particulier. Juste, je vis sur place.

Je vis dans un pays où la peine de mort n’a jamais eu à être abolie parce qu’elle n’a jamais existé.

Je vis dans un pays où les femmes, toutes les femmes, ont toujours eu le droit de vote.

Le mot colon a, chez nous, un sens autre, j’ai envie de dire plus concret. Jugez plutôt. Mes enfants, qui apprennent l’arabe pour pouvoir un jour prochain converser avec leurs voisins, ont pour amis les enfants francophones des ambassadeurs africains. Francophones et anglophones, aussi. Nos Argentins, Colombiens et autres Guatémaltèques sont, eux, hispanophones… Vous saisissez le sens de cet élément ?

Mes enfants ont aussi pour amis les enfants de l’ambassadeur d’Egypte, dont ils partagent sincèrement les inquiétudes et les espoirs. Le plus beau garçon de leur campus est, de l’avis de toutes les filles, un palestinien qui répond au doux prénom de Kassam. Ca ne s’invente pas.

Nous cédons chez nous la priorité aux carrefours à des arabes voilées au volant de rutilants 4x4 pendant qu’à l’arrière, leurs enfants font des grimaces aux nôtres et vice et versa, les musulmans représentent un tiers de notre population et notre Jerusalem n’est jamais si belle qu’à l’appel du muezzin. Si dans le contexte nous conservons les sièges de nos mairies, c’est forcément que tous ces arabes votent pour nous.

Parce qu’ils votent ici, monsieur Hessel, les hommes comme les femmes, et ils ont aussi des députés et des partis, et ils sont de plus en plus nombreux à faire l’armée dans nos rangs. Allez comprendre !

Combien loin nous sommes de vos absurdes revendications et de votre ahurissante indignation…

Comprenez-moi bien, monsieur Hessel. Je ne dis pas que vous mentez. Je dis juste qu’il y a une autre vérité, et que vous semblez passer complètement à côté.

Je ne vous ai pas lu, monsieur Hessel, mais j’ai eu l’occasion d’entendre de ci de là des extraits de votre indignation. Vous avez paraît-il écrit que « Se dire 'la violence n'est pas efficace', c'est bien plus important que de savoir si on doit condamner ou pas ceux qui s'y livrent. »

Vous y pensez aujourd’hui, quand en Israël la surveillance aux barrages s’est assouplie, parce que c’est quand même à ça qu’elle sert, à protéger, excusez-nous, et qu’un courageux exaspéré en a profité, de nuit, pour s’introduire dans une maison, et tuer le père, la mère et trois enfants, dont un bébé de quelques semaines, fallait-il qu’il soit exaspéré… ? Vous qui affirmez qu’on peut les comprendre, s’il vous plaît, expliquez-moi.

Expliquez-moi pourquoi la presse européenne est si discrète ? Pourquoi quand on relaie l’information, on parle d’ « attaque » quand il est question d’un monstre qui a sauvagement assassiné au couteau des enfants dans leur sommeil ? De « la mort de cinq colons » ? C’est quoi, « colon », d’abord ? C’est une nationalité, maintenant ? A un mois, à trois ans, on l’est déjà ? Pourquoi personne n’emploie le mot « massacre », alors que pour une fois, hélas, il serait approprié… Ceci n’est pas nouveau, je sais bien, je me souviens d’un certain article sur l’ « attaque d’un car de colons » dans les années 90, quand ces colons-là avaient entre 9 et 12 ans et que le car était un car de ramassage scolaire… Dites, monsieur Hessel, l’indignité et la bassesse, ça vous indigne aussi ? Quand aucun français tué en Afrique francophone n’est jamais appelé colon…

Mais peu importe. Pendant que nous parlons, des missiles continuent d’être tirés de la bande de Gaza vers les civils israéliens des villes voisines sans que personne ne s’en émeuve, vous pas plus que les autres…

Monsieur Hessel… Rassurez-moi… Quand vous cessez d'être indigné, vous prenez parfois votre tête entre vos mains ? Vous versez parfois quelques larmes ?

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Rédigé par Victoria

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Publié le 17 Février 2011

Je suis sûre qu'en matière de psychanalyse, on doit pouvoir faire quelque chose avec ça...

Cette façon bizarre de renvoyer en miroir à Israël et aux Juifs tout ce qu'il est possible de leur renvoyer, avec une mauvaise foi des plus touchantes.

 

Nous sommes bien d'accord, loin de moi l'idée de relancer de quelconques polémiques, lesdites polémiques s'enflamment et irradient très bien sans mon aide, je m'attache juste au vocabulaire des faits.

 

Je n'épiloguerai pas sur le nom même de la Palestine, pays de la nostalgie de mes ancêtres, mais quand à "la Loi du retour" des Juifs en... Palestine on renvoie en miroir "la Loi du retour" des Palestiniens arabes... en Palestine, pourquoi la même formule ?, quand à un otage israélien kidnappé, enlevé, détenu pour on ne sait combien de temps, on ne sait où, par on ne sait qui, dans des conditions qu'on n'ose imaginer, dont on ne sait d'ailleurs pas même s'il est encore vivant ou s'il a été assassiné, on renvoie l'image d'un activiste qu'on appelle éhontément "otage" alors qu'il a été jugé et condamné à un nombre connu d'années de détention, qu'il est détenu dans une prison connue, avec droit de visite, qu'il va très bien, merci et qu'il sort dans quelques mois après avoir purgé sa peine, mince, elles auront l'air de quoi, à ce moment-là, les associations de soutien ?, quand disais-je, certains faits désespérément avérés sont soumis au jeu du miroir déformant de certains récupérateurs opportunistes, je ne sais pas vous, mais moi, je frémis.

 

Le dernier en date ? "Le front du refus". Encore une de ces formules à l'emporte-pièce dont nos journaleux ont le secret.

Vous vous souvenez de ce qu'est le "front du refus" ? Dans un passé pas si lointain, c'est ainsi qu'on définissait l'opposition farouche des pays arabes dans leur ensemble à la présence d'un l'Etat juif, au Moyen-Orient, accessoirement, plus généralement sur la surface de la Terre.

"Le front du refus" aujourd'hui, c'est quoi ? C'est cette réaction réactionnaire et totalement pro-totalitaire de quelques pays mal intentionnés, forcément mal intentionnés, à ce vent de liberté démocratique qui souffle ce printemps sur le monde arabe, avec ses promesses de libération des peuples et de chute des tyrans.

 

En tête de ce nouveau "front du refus" absurde, vous mettriez qui, je vous le demande ?

Certains journaux que je n'ai même pas envie de citer n'hésitent pas une seconde : Israël, évidemment.

Parce qu'Israël, à ce jour "la seule démocratie" du coin, dixit, avec les guillemets, n'est-ce pas ?, "refuse" l'émergence de nouvelles démocraties libres et heureuses dans la région, parce qu'on est très très niais et fourbe en Israël et qu'on veut rester les seuls démocrates du Moyen-Orient, c'est ça ?

 

Je ne commenterai pas puisque je refuse d'entrer dans toute polémique vaseuse.

 

Mais j'ai envie de raconter ici le dernier cours de français que j'ai donné à des élèves de seconde israélienne. Je commence toujours mes cours par un petit tour de piste où chacun raconte, en français, bien sûr, sa semaine.

- Tu as passé une bonne semaine ?

- Un peu difficile.

- Qu'est-ce que tu as fait ?

- J'ai étudié et j'ai regardé les informations à la télévision.

- Moi aussi, j'ai regardé les informations.

- Et moi aussi.

Il semble que toute la classe ait regardé les informations.

- Que se passe-t-il d'intéressant dans le monde ?

Je sais, la question peut sembler idiote dans le contexte, mais je rappelle que je suis professeur de français, et que je souhaite faire parler ces enfants, en français.

- Tu plaisantes ?

- Non, raconte.

- Nous regardons la situation en Egypte.

- Nous suivons la situation...

- Oui.

- Et ?

- Et c'est très beau.

- Et c'est difficile aussi.

- C'est beau ou c'est difficile ?

- Les deux.

- Expliquez.

- C'est beau pour le peuple égyptien, parce qu'ils vont être libres...

- Futur proche, bravo. Bravo pour la grammaire et bravo pour la liberté !

- Et c'est difficile pour nous, parce que... comment tu dis ahim ?

-Les frères.

- Oui, les frères muslemim...

- Musulmans.

- Les frères musulmanes disent qu'il veut la guerre avec Israël.

 

Problème déontologique. Je n'ai pas envie de corriger ce genre de phrase. Je n'ai pas envie qu'on sache dire correctement qu'on veut nous déclarer la guerre. Encore...

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Rédigé par Victoria

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Publié le 27 Octobre 2010

J'ai eu un temps un correspondant privilégié rencontré sur Internet.

Quoi ? Je sais le faire, moi aussi.

On se calme. Un inconnu marié et amoureux, habitant un pays très lointain. On ne se connaissait pas, on ne se connaîtrait jamais et tout le monde était content.

Un parfait inconnu auprès duquel je pouvais déverser toutes mes colères et tous mes doutes, ça, déjà, c'est bien, mais surtout toutes mes joies et tous mes espoirs, toutes ces choses qui vous font paraître ridicule lorsque vous les exprimez devant vos amis.

 

Lorsque cet ami virtuel m'a dit un jour tu devrais écrire un blog, quel moche mot, je me suis dit que je l'avais assez embêté comme ça et j'ai arrêté de lui écrire pour ouvrir ce truc.

 

Quoi, quoi, je ne suis pas ridicule ?

 Ne niez pas. Je connais ça par coeur.

 

Pour mes amis, je suis une artiste, une naïve, une candide, une bienheureuse, Mère Thérésa, même, parfois.

Notez, je suis plutôt vernie. J'échappe aux termes idiote de service, niaise ou benête, mais c'est seulement parce qu'on m'aime.

 

Emmène-moi sur ton nuage, m'a-t-on encore dit la semaine dernière.

J'ai été partagée entre l'attendrissement et la consternation.

Tu veux vraiment venir sur mon nuage, viens.

J'élève trois ados délurés, je travaille comme une dingue jour et nuit, le banquier me poursuit, les tracasseries administratives me minent, je suis probablement la personne qui paie les plus grosses notes de téléphone du monde, 10 ans et un divorce après, j'ai toujours le père de mes enfants sur le dos en consultation permanente, je n'ai pas d'amoureux, il paraît que je terrifie les hommes malgré mon joli sourire et je dois reconnaître qu'on m'a toujours demandé la permission avant de m'embrasser, mince, si tu veux venir sur le nuage, prends ton parapluie et viens !

 

Mais.

Sur mon nuage, il est vrai que le parapluie servira de parasol. Parce que les ados sont des merveilles de personnes, mon travail me passionne, j'ai choisi de ne faire que des choses que j'aime, et jour et nuit, c'est parce que j'en aime trop, je cours bien plus vite que mon banquier dont j'ai la photo sur le frigidaire, les tracasseries administratives sont le sujet de mes sketches préférés, mes petites kafkaïades à moi, si on paie beaucoup de téléphone, c'est aussi parce qu'on a beaucoup d'amis et le père de mes enfants, pour chiant qu'il soit continue d'être un père aimant 10 ans après et rien que ça, ça vaut bien une petite psychanalyse sauvage de temps en temps. Quant à l'amour, j'en ai épuisé le quota pour plusieurs vies.

 

J'ai donc ouvert ce blog et j'ai commencé, enfin continué à écrire.

Pour qui, je n'en avais aucune idée, et ça, je dois dire que c'était beaucoup moins drôle qu'avec mon inconnu.

Parce que mon inconnu, je ne le connais peut-être pas, mais il existe. Alors que là, silence absolu au bout du fil.

Rien.

Un peu angoissant, la solitude.

Et là, vrai, franchement un peu ridicule.

 

Jusqu'à ce qu'une première amie me confie. Je te lis tous les jours, je ne suis pas d'accord avec ce que tu racontes, mais tu le dis si bien que je ne vois pas par quel bout te contredire.

Allons bon.

En fait, tu dis n'importe quoi, m'a dit un autre, mais on a tant de paisir à te lire que tu nous embobines et à la fin, on ne sait même plus ce qu'on pense.

On ne sait même plus ce qu'on pense ? Ah. Je n'écris peut-être pas pour rien !

Bref, un plus un plus un autre, il semble qu'en fait, je dispose de quelques lecteurs.

Et pas des moindres.

Donc.

 

Sachez que j'ai plein de sujets magnifiques en magasin.

"Quand on dépasse les bornes, il n'y a plus de limites", probablement la grande phrase de la réforme des retraites en France. Peut-être même plus que le fichier d'empreintes génitales de Brice.

Le petit meneur des jeunesses UMP qui trouve que Laval était courageux en son temps. Il veut sûrement dire que lui aurait sûrement sû quoi faire face aux manifestants. Et il a raison. Laval a étouffé la réforme des retraites dans l'oeuf en se débarrassant des retraités au berceau. Et ça, pas à dire, c'est fort.

Le portrait de Pétain qui a été retiré de la salle du conseil de la dernière commune de France qui s'entêtait à le laisser poser au milieu des autres chefs d'état français. La licra qui s'excite, la pauvre chérie. On leur a pourtant bien expliqué. La France de Vichy, ce n'était pas la France. Pétain ne pouvait donc pas être le dirigeant d'un état qui n'existait pas. C'est limpide. C'est une règle de géographie complexe, mais limpide. La France, en 42, n'avait pas pour capitale politique Vichy, mais Londres. D'ailleurs, les manifestants dans les rues étaient des millions, autre chose que la réforme des retraites, je peux vous le dire, pour affirmer haut et fort leur opposition farouche à ce régime abscons.

Bon, d'accord, j'arrête, ce n'est pas drôle.

Vous croyez que le petit con UMP sait que c'est Laval soi-même qui a donné à Hitler la liste des otages à fusiller en 41 ? Et que si Guy Moquet n'était, il est vrai, pas sur ses listes, les listes en question n'en indiquaient pas moins très clairement que les fusillables étaient tous communistes ?

Quelle salade, mes aïeux, quelle salade.

 

Chers 10 lecteurs de mon coeur.

Je peaufine tout ça et on se retrouve très vite.

 

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Rédigé par Victoria

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Publié le 23 Septembre 2010

- Quoi, chana tova ?

- Ben. Bonne année, quoi.

- Et au nom de quoi serait-elle bonne, je te prie ?

- Je sais pas, moi.

- Vas-y, essaie.

- Parce que tu vas gagner au loto.

- Faudrait jouer pour ça. Réessaie.

- Parce que tu vas rencontrer l'amour.

- C'est mieux. Mais c'est pas garanti. Essaie encore.

- Euh... La paix dans le monde ?

- ...

- Oh et puis merde. Tu fais chier.

 

Un ange passe.

- ...

- Tu boudes ?

- Tu m'as contrarié.

- Désolée.

- ...

- Dis ?

- Quoi ?

- Je voulais te dire... Bonne année !

- Je vois vraiment pas ce qui pourrait la rendre bonne... Si j'en rencontre beaucoup des comme toi...

- Je vais te dire, moi. Elle sera bonne parce que je te le souhaite... comment dire? sincèrement. Voilà. Sincèrement.

- Sincèrement ?

- Ouais.

- Parce que moi, j'étais pas sincère ?

- Bien sûr que si. En misant sur un gain au loto ou sur le Prince charmant ! Tu vois mes chances ! Et moins d'une minute après, tu es déjà fâché avec moi. La paix dans le monde, mon oeil !

- Je te comprends pas.

- Il n'y a rien à comprendre. Ton année sera bonne si tu es entouré de gens bien intentionnés. C'est tout. Quand je te demande "en quoi sera-t-elle bonne, mon année", tu dois juste répondre "parce que je ferai tout pour qu'elle le soit". Et là, on a des chances. C'est pourtant pas compliqué.

- Tu fais chier.

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Rédigé par Victoria

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