Ils jouent au con : Et si on déclarait forfait ?

Publié le 28 Mars 2011

     Les journalistes ne savent plus écrire, c’est un fait, mais savons-nous lire ? Au départ, ce fut le pourquoi de mes commentaires décomposés. On s’amuse comme on peut. Mes lectures de prédilection, totalement arbitraires parce que dans le fond, je suis persuadée qu’il n’y en a pas un pour racheter l’autre, sont je l’avoue le Monde et Libé, qui atteignent à mon sens des sommets dans l’ignorance crasse et la stupidité nauséabonde.

     Le premier pour des raisons économiques évidentes, l’info étant un produit, normal de l’adapter à sa clientèle, le second pour des raisons probablement plus nauséeuses de dérive, pardon, naufrage de la pensée de gauche.

     Je vous le dis moi, les collabos du troisième millénaire n’ont rien à envier à ceux du second.

     La preuve par le texte ? Le Monde.Fr du 26 mars avec la surréaliste Agence France Presse. Allez, on s’amuse. L’article est en rouge, mes commentaires, en noir.

 

Le Hamas prêt à "un retour au calme"

 

LEMONDE.FR avec AFP | 26.03.11 | 19h46

Je traduis. Le Hamas hisse le drapeau blanc.

 

 

 

Alors qu'Israël connaît depuis plusieurs jours un regain de violence,

Quand on nous attaque, pour l’AFP, ça s’appelle un « regain de violence », avec un verbe d’action ayant pour sujet Israël. Quand je vous disais qu’ils ne savent pas écrire ?

 

plusieurs mouvements palestiniens réunis samedi 26 mars sous l'égide du Hamas à Gaza se sont déclarés prêts à un "retour au calme" et à une trêve tacite avec Israël, à condition qu'Israël s'y engage également.

Le journaliste ne se demande pas pourquoi ils sont prêts tout à coup ? Qu’est-ce qui les a décidés ? Et « Ils se déclarent prêts », c’est une formulation positive ou je rêve ? « A condition », avec des conditions en plus ? « J’arrête de lancer des missiles s’ils arrêtent de m’en empêcher » ? C’est bien ça ?

 

"Le Hamas tient au consensus national (palestinien) et nous sommes engagés à un retour au calme aussi longtemps que l'occupant (israélien) fera de même", a affirmé Ismaël Radwan, un dirigeant du Hamas, lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion de deux heures dans un hôtel de Gaza-ville.

Quel occupant quand Gaza est sous contrôle palestinien, et que le Hamas est le parti qui a été élu sous l’égide de l’Autorité toute neuve ?

Et une « conférence de presse » ? Pour qui ? Qui y a assisté ? Pourquoi pas une photo de cette conférence ? Pourquoi l’AFP ne nous donne pas par exemple une photo de l’hôtel de Gaza-ville, si Ismaël Rawdan n’est pas assez photogénique à son goût ? Je sais bien qu’ils essaient par tous les moyens de ménager notre sensibilité, mais tant pis, j’ai le droit de savoir. Je veux voir cet hôtel.

 

Le "consensus national palestinien" évoque la trêve annoncée par le mouvement islamiste en janvier 2009 à la suite de l'opération israélienne "Plomb durci" contre le territoire palestinien.

C’est gentil de nous expliquer, mais donc, on parle bien de la trêve de deux ans pendant laquelle pas un seul jour ne s’est passé sans qu’un missile ne quitte le sol gazaoui à destination des civils israéliens ? Tu parles d’une trêve. Ca, c’est du consensus. Sans compter que je ne m’étais pas rendue compte qu’après la guerre de Gaza, le Hamas avait annoncé quoi que ce soit. Ils étaient détruits par la barbarie israélienne et le monde entier était en larmes.

 

LE FATAH ABSENT

La réunion de samedi avait été convoquée par le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007,

Attrapés.   On est bien d’accord, s’ « ils contrôlent », c’est qu’il n’y a pas d’occupant, n’est-ce pas ?

 

avec la participation du Jihad islamique, une organisation radicale à laquelle ont été attribués la plupart des roquettes et obus tirés ces derniers jours vers le sud d'Israël. Le Jihad islamique s'est engagé à respecter une trêve de facto dans les mêmes termes.

Même pas envie de commenter les « roquettes et obus ».

 

La réunion, à laquelle n'a pas participé le parti Fatah du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, intervient après presque deux semaines d'une confrontation armée avec Israël.

Et pendant ces deux semaines de « confrontation armée », vous étiez où, messieurs les journalistes ?

La confrontation armée, vous ne la couvrez pas, mais le dirigeant du Hamas qui réunit une conférence de presse avec les terroristes du Jihad, vous y êtes et vous ne prenez même pas une photo ?

 

Des dizaines de tirs de roquettes et d'obus de mortier ont été tirés vers le sud de l'Etat hébreu, dont les représailles ont fait huit morts palestiniens. Après une accalmie de 24 heures, quatre roquettes ont été tirées samedi vers le territoire israélien, endommageant une maison mais sans faire de victime, selon une porte-parole de l'armée.

     Excusez-nous de ne pas mourir, messieurs de l’AFP. C’est qu’on a des abris, nous.

    

     Maintenant, la même info relayée par l'agence Reuters.

     Ismaël Radwan est devenu Ismaïl Roudouane, l'orthographe est moins américaine, mais bon, c’est le même, hein, sauf qu'il n'est plus un "dirigeant du Hamas", mais un « porte-parole de la résistance islamique qui contrôle Gaza ». Pas de "conférence de presse" non plus chez Reuters, mais une "rencontre". Quoi, ils n'étaient pas conviés à l'hôtel de Gaza-ville chez Reuters ? Ils n'en écrivent pas moins que :

 

« Les militants de Gaza indiquent que les tirs ne sont qu'une réponse aux raids israéliens. »

     Là encore, je vous le demande. Quels militants ? Mais j'arrête de chipoter. Ceux qui suivent savent bien que les raids israéliens ont pour seul objectif de faire cesser les tirs gazaouis, et le but est une fois encore atteint. 

     

     Enfin, pas tout à fait, mais presque. Malgré ces bonnes résolutions, il semble que :  

Gaza: deux Palestiniens tués par un raid aérien israélien

Là, on est chez Libé. On sent la différence, tout de suite, hein ?

 

  Le 27 mars.

Deux Palestiniens ont été tués dimanche matin par une attaque de l'aviation israélienne contre la bande de Gaza, a indiqué le porte-parole des services d'urgences palestiniens de la région.

 On appréciera la formulation, "tués par une attaque".

 

"Deux Palestiniens ont été tués et un autre blessé dimanche matin dans un raid de l'aviation israélienne contre des objectifs situés à l'est de Jabaliya", a annoncé à l'AFP Adham Abou Senmya. Et on le dit deux fois, ça a plus d'impact.

 

Interrogée par l'AFP, une porte-parole militaire

Alors là, j’explique, quand les porte-parole sont des femmes, on est côté israélien. Faut suivre.

 

a confirmé ce raid, indiquant qu'"un appareil de l'armée de l'Air a attaqué dimanche matin une cellule de terroristes qui s'apprêtait à tirer une roquette contre Israël à partir du nord de la bande de Gaza".

« Une cellule terroriste qui s’apprêtait à tirer une roquette », mais alors c’est quoi ce titre débile qui présente Israël comme un tueur de Palestiniens ? Quand les deux Palestiniens en question étaient deux assassins prêts à envoyer une arme de destruction massive en direction de civils innocents ? « Israël réussit à intercepter une roquette en partance pour son territoire », ce n’était pas mieux ? Moins accrocheur, certes, encore que, mais plus vrai ?

 

 

Les principaux mouvements palestiniens de Gaza, réunis samedi sous l'égide du Hamas, se sont dits prêts à "un retour au calme" et à une trêve tacite, après une escalade de la violence, à condition qu'Israël en fasse autant.

"Nous nous tenons prêts à agir avec une grande force et une grande détermination pour mettre fin" aux tirs de Gaza, avait affirmé vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Aucune société civilisée n'accepterait de telles attaques aveugles contre ses civils", a-t-il ajouté.

Moi, je trouve ça infiniment plus classe qu’un président qui dit par exemple, debout devant la dépouille d’une victime d’attentat, à côté de ce qu’on va leur mettre, ça, « c’est de la petite bière », pendant que son ministre de l’intérieur gronde « Nous allons terroriser les terroristes ». Essayez avec l’accent corse, vous verrez, ça fait encore plus con. Comment, vous voulez des noms ? OK. Chirac pour la petite bière et l’inénarrable Pasqua pour la phrase qui tue.

 

Conformément aux consignes annoncées vendredi par le ministre de la Défense Ehud Barak, Israël va pour la première fois déployer dimanche près de Beersheva, dans le désert du Néguev, une batterie du système de défense antiroquettes "Dôme de fer" pour un test opérationnel, a indiqué une porte-parole militaire.

Vous voyez, on ne sait pas si c’est la même, mais c’est encore une fille.

 

Ce système de conception israélienne doit permettre d'intercepter des roquettes d'une portée de 4 à 70 km tirées depuis la bande de Gaza. Chaque batterie comprend un radar de détection et de pistage, un logiciel de contrôle de tir et trois lanceurs équipés chacun de 20 missiles d'interception.

C'est-à-dire que pendant que ces pauvres Palestiniens, comment il dit, déjà, l’indigné, ah oui, « exaspérés » farcissent de clous leurs engins explosifs pour que ce soit le plus meurtrier possible, les barbares israéliens mettent au point des systèmes de défense anti-missiles probablement non conventionnels, pour intercepter, les pervers, les missiles qu’on leur balance dessus pendant les trêves. Petit jeu, les Israéliens, petit jeu.

 

M. Barak a pris cette décision à la suite des tirs ces derniers jours depuis Gaza de roquettes de type Grad contre les villes de Beersheva et Ashdod, etc, etc.

Ah quand même. Ca aura été écrit.

 

Rédigé par Victoria

Publié dans #La petite leçon de journalisme

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